L'UDC se remet de sa chute et les Vert'libéraux gagnent du terrain, selon un sondage SSR
Lors des élections fédérales de 2015, l’UDC réalisait un score canon, totalisant près de 30% des suffrages. Depuis cette date, le premier parti de Suisse ne cessait de fléchir. Mais à deux ans de la grande échéance électorale, la tendance semble s’inverser, indique vendredi le baromètre SSR réalisé par l’institut Sotomo. Avec 26,6% des intentions de vote, les démocrates du centre amélioreraient même leur résultat d’octobre 2019.
Le Parti socialiste demeure la deuxième force politique du pays (15,8%), loin derrière l’UDC, selon le sondage. La lutte pour la troisième place s’annonce acharnée. Le PLR, Le Centre - issu de la fusion du PDC et du PBD - et les Verts sont donnés au coude-à-coude. Cette rivalité est d’autant plus importante qu’elle pourrait influer sur le débat sur la représentation des partis au Conseil fédéral. Il faudra aussi compter avec les Vert’libéraux, qui tutoient les 10%.
Qui sont les gagnants et les perdants?
Les Vert’libéraux sont présentés comme les grands gagnants de cette première moitié de législature marquée par la pandémie de Covid-19. Leur positionnement à la fois écologiste et libéral séduirait 9,8% des personnes interrogées, soit deux points de pourcentage de plus que lors des dernières élections fédérales. Fondés il y a une quinzaine d’années à Zurich, les Vert’libéraux réaliseraient ainsi le meilleur résultat de leur courte histoire.
Seule l’UDC connaît aussi une évolution positive par rapport à l’automne 2019, avec un gain d’un point de pourcentage dans les intentions de vote. Les Verts confirment la poussée écologiste constatée lors des dernières élections fédérales, mais ne progressent plus. Dans le camp des perdants potentiels, on retrouve les socialistes, Le Centre et surtout les libéraux-radicaux, qui peinent tous les trois à mettre un terme à l’inexorable recul de leur force électorale.
Vases communicants à gauche, optimisme au Centre
Sur la gauche de l’échiquier politique, le PS voit sa cote de popularité repartir à la baisse, après le répit observé à l’automne 2020. A l’inverse, les intentions de vote en faveur des Verts, qui avaient subi un léger coup de mou l’an dernier, retrouvent les sommets de 2019. Depuis la fin des années 1990, le camp rose-vert rassemble toujours entre 25% et 30% de l’électorat, la progression des écologistes se faisant en parallèle du recul de leurs alliés socialistes.
A droite, le dernier baromètre électoral laissait entrevoir la fin de l’hémorragie pour le PLR et Le Centre. Las, la dynamique négative a repris son cours, sans que l’on ne puisse dire s’il s’agit d’un effet conjoncturel ou d’une tendance de fond. En début de semaine, le président du Centre Gerhard Pfister se montrait cependant optimiste pour l’avenir. Il soulignait que les jeunesses de son parti avaient gagné 500 nouveaux membres depuis le changement de nom.
Sur le déclin depuis 2015, l’UDC redresse quant à elle la barre et bénéficie d’un net regain dans les intentions de vote par rapport à l’an dernier (+2,5 points). Les troupes de Marco Chiesa surfent sur la grogne d’une partie de la population à l’égard des mesures anti-Covid. Malgré ses deux représentants au Conseil fédéral, le parti conservateur ne se gêne pas de s’opposer frontalement aux autorités et de critiquer vertement la gestion sanitaire de la crise.
Le climat comme préoccupation principale
Le positionnement de l’UDC se traduit d’ailleurs dans la hiérarchie des préoccupations de son électorat. Pas moins de 42% des sympathisants du parti pensent que la question des libertés civiques fait partie des trois principaux défis politiques auxquels la Suisse fait face. Il n’y a que l’immigration (45%) qui inquiète davantage les électeurs démocrates du centre. Tous partis confondus, une personne sur six redoute fortement une restriction des libertés individuelles.
La préoccupation principale des Suissesses et des Suisses est désormais le changement climatique (44%), devant la lutte contre les pandémies (32%). "Les conditions météorologiques extrêmes de l’été y ont probablement contribué", notent les auteurs de l’étude. Moteur du vote écologiste, la crainte des conséquences du dérèglement climatique est l’une des explications de la bonne performance des Verts et des Vert’libéraux depuis les élections fédérales de 2019.
Les autres formations peinent à tirer leur épingle du jeu. Ravivées l’an dernier par la pandémie, les craintes concernant l’économie et l’emploi se sont aujourd’hui largement estompées. Principale préoccupation des Helvètes il y a deux ans, les primes maladie ne font plus peur non plus. Ces évolutions sapent les efforts de redressement du PS et du PLR, les questions économiques et sociales étant les thèmes centraux de ces deux partis.
Le 22 octobre 2023, c'est encore loin
Le chemin est encore long et très incertain jusqu’aux prochaines élections fédérales. Les sondages donnent une tendance et les partis disposent encore de deux ans pour les confirmer ou les faire mentir. D’ici là, la pandémie de Covid-19 devrait - on l’espère tous! - être de l’histoire ancienne, ce qui pourrait rebattre les cartes. Mais les plaies dans la société auront-elles le temps de cicatriser et les rancoeurs de s’apaiser? Rien n’est moins sûr.
Il suffirait en outre d'une profonde crise économique pour faire ressurgir comme par magie les préoccupations sociales. Des hivers sans neige ou des étés caniculaires? Le changement climatique prendrait alors encore plus d'importance. Des tensions exacerbées avec Bruxelles? La politique européenne redeviendrait sans doute pertinente aux yeux de l'électorat. Et une nouvelle crise migratoire remettrait la question des réfugiés sur le devant de la scène.
Les élections fédérales, c'est le 22 octobre 2023, et c'est encore loin.
Didier Kottelat
L'information sera traitée dans Forum et le 19h30
L'influence et la sympathie des conseillers fédéraux
Alain Berset, déjà bien placé avant la pandémie de Covid, a vu son influence grimper en flèche. Le ministre de la Santé caracole en tête dans le classement des sept Sages (+28 points depuis 2019!), alors que Karin Keller-Sutter recule fortement. Guy Parmelin gagne pour sa part nettement en influence à la faveur de la présidence. Viola Amherd et Ignazio Cassis sont perçus comme les moins influents.
Malgré les critiques, Alain Berset est jugé comme le plus sympathique, devant Viola Amherd et Simonetta Sommaruga. Ueli Maurer est le moins apprécié alors que Guy Parmelin est perçu comme beaucoup plus sympathique qu’il y a deux ans.
Méthode
La collecte des données a été réalisée en ligne pour le compte de la SSR par l'institut de sondage Sotomo entre le 29 septembre et le 3 octobre 2021.
Le recrutement des personnes interrogées a eu lieu d’une part par le biais des portails web de la SSR et d’autre part via le panel en ligne de Sotomo. Après apurement et contrôle des données, les réponses de 27’976 électeurs et électrices ont pu être exploitées pour l’évaluation.
La représentativité de ce sondage est comparable à celle d’un échantillonnage aléatoire avec une marge d'erreur de +/-1,3 point de pourcentage, note Sotomo.