Le taux de mortalité parmi les 40-59 ans hospitalisés, autour de 3%, est resté stable durant les trois premières vagues (soit de février 2020 à juin 2021). Pour les 60-79 ans, la part des décès a même augmenté entre les deux premiers épisodes, avant de connaître une baisse sensible.
"Pas d’avancée thérapeutique"
Ces statistiques, compilées par les hôpitaux et transmises par l'Office fédéral de la santé public (OFSP), soulèvent des interrogations sur les éventuels progrès dans le traitement des personnes atteintes du Covid-19. Jean-Daniel Chiche, chef de service en médecine intensive au CHUV, confirme ce tableau contrasté : "on connaît mieux cette maladie, la prise en charge est maintenant bien codifiée mais il n’y a pas eu d’avancée thérapeutique majeure depuis la deuxième vague".
La seule baisse conséquente concerne les plus de 80 ans. Deux éléments concurrents ont pu contribuer à cette évolution: une meilleure prise en charge mais aussi la décision, basée sur l’expérience des premiers mois de pandémie, de moins hospitaliser les malades dont les chances de survie semblaient faibles.
La durée des hospitalisations montre aussi que malgré des mois d’expérience, l’arsenal thérapeutique n’a pas permis d’amélioration spectaculaire des soins. Les séjours, qui varient entre 3 et 11 jours selon les classes d’âge, ne se sont pas significativement raccourcis depuis mars 2020.
Les soins intensifs constituent le dernier recours pour les malades hospitalisés. Là aussi, les pronostics ont peu changé. Pour les enfants comme pour les plus de 60 ans, la part de patients passés par ces unités a augmenté durant les trois premières vagues.
Les chances de survie ont varié, mais de manière très différenciée selon l’âge. Chez les plus âgés, le taux de décès a baissé, en particulier pendant le deuxième pic épidémiologique. Néanmoins, durant les trois vagues, moins d’un patient senior sur deux a survécu à son passage aux soins intensifs.
Chez les 60-79 ans, deux personnes sur trois ont pu être guéries, malgré une forte dégradation de la situation entre septembre 2020 et février 2021.
Il n’existe donc pas de traitement totalement efficace pour les affections les plus graves. Sur le terrain, Jean-Daniel Chiche dresse le même constat. "Les patients qui arrivent aux soins intensifs présentent des formes graves et la mortalité reste élevée, comme pour tous les syndromes de détresse respiratoire aiguë".
Incertitude sur le variant Delta
Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions détaillées sur l’effet du vaccin sur la mortalité hospitalière. Les premiers chiffres fournis par l’OFSP concerne y compris des cas en cours, dont l’issue demeure incertaine. Les personnes hospitalisées étant en moyenne plus jeune, il apparaît toutefois que le taux de décès devrait considérablement baisser.
En effet, pour la première fois, les plus de 80 ans, largement vaccinés, constitue une petite minorité parmi les hospitalisés. Or, c’est cette population qui a payé le plus lourd tribut depuis le début de la pandémie.
Tybalt Félix, propos recueillis par Alexandra Richard