On en trouve en quelques clics sur le darknet ou sur les applications de messagerie cryptée. Les dealers en ligne en font leur argument de vente: en échange de 75 à 600 francs, ils délivrent un document garanti authentique.
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Comment est-ce possible? La RTS a contacté plusieurs de ces trafiquants pour le savoir. Ils expliquent qu'ils travaillent "en collaboration avec des médecins qualifiés". Ces certificats sont donc émis via la plateforme officielle de la Confédération.
Plus de 2300 failles humaines potentielles
Les personnes qui ont accès à cette plateforme se trouvent dans tous les lieux qui vaccinent ou effectuent des tests: cabinets médicaux, pharmacies, centre de vaccination.
L'enquête de la RTS relève qu'en Suisse romande, plus de 2300 personnes ont les accès à la plateforme: 169 à Neuchâtel, 178 dans le Jura, 323 à Fribourg, 350 à Berne, 500 à Genève et 858 en Valais.
Parmi ces professionnels, certains se font approcher par des personnes qui tentent de négocier un certificat sans piqûre. C'est arrivé plusieurs fois à Michel Gindre. Mais le pharmacien valaisan a refusé. Il l'explique mercredi au 19h30: "Techniquement, c'est faisable. Moralement, c'est difficile".
Tous les professionnels de santé n'ont pas la même éthique. Vaud et Genève ont détecté des cas de "certificats de complaisance". S'en sont suivies des dénonciations pénales. On ignore combien de certificats sont concernés. Plusieurs enquêtes sont également en cours dans ces deux cantons.
Surveillance difficile
Ces quelques cas découverts pourraient bien être l'arbre qui cache la forêt. Plusieurs cantons reconnaissent avoir peu de marge de manoeuvre pour contrôler les abus.
"Nous n'avons pas beaucoup d'outils de monitoring des utilisateurs de la plateforme, reconnaît Sophie Maillard, pharmacienne cantonale fribourgeoise. C'est dans les mains de la Confédération. Nous savons à qui nous avons octroyé les accès, mais pas ce qu'ils font avec".
Plus de contrôles pour les cantons
Avec d'autres cantons romands, la pharmacienne cantonale fribourgeoise a donc interpellé la Confédération à plusieurs reprises pour obtenir davantage de moyens de contrôle sur la plateforme.
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Un appel que l'Office fédéral de l'informatique (OFIT) semble avoir entendu. Il mettra à disposition des cantons des outils pour pouvoir contrôler les attributions de certificats.
Actuellement, ce système de détection est contrôlé par l'OFIT. Les cantons doivent donc solliciter son aide en cas de suspicion.
Flore Amos et Anouk Pernet
Système basé sur la confiance
Le système actuel est principalement basé sur la confiance. Les personnes qui peuvent émettre des certificats signent une charte. Elles s'engagent ainsi à ne pas commettre d'abus.
Les autorités leur rappellent les risques auxquels elles s'exposeraient. Jusqu'à trois ans de prison pour celui ou celle qui émet un certificat sans raison et cinq ans pour ceux qui l'utilisent.