"Les dioxines ne se trouvent certainement pas qu'à Lausanne, mais dans toutes les régions où il y avait des usines d'incinération", estime Nathalie Chèvre, écotoxicologue à l'Université de Lausanne, mardi dans La Matinale. A Lausanne, les fumées de l'ancienne usine d'incinération des ordures ménagères du Vallon - active de 1958 à 2005 - sont en effet en cause.
Pendant près de cinquante ans, elle a rejeté dans l'air des dioxines qui se sont ensuite déposées sur les sols de la Ville. "La problématique des dioxines dans les sols est une problématique émergente. C'est quelque chose qu'on a rarement mesuré en dehors des sites contaminés", explique Nathalie Chèvre.
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Comme chaque canton disposait, en moyenne, d'une usine d'incinération des ordures, des démarches similaires à celle du canton de Vaud seront certainement menées ailleurs en Suisse. D'autant plus que le Conseil fédéral vient de mettre en consultation une révision de la Loi sur la protection de l'environnement. Il veut en effet rendre obligatoires l'investigation et l'assainissement des sites publics.
"Nous n'avons pas de chiffres sur le taux de dioxines à partir desquels nous devons assainir. Nous attendons de la Confédération qu'elle ajoute cela à l'ordonnance sur les sites pollués. C'est la raison pour laquelle nous sommes en discussion avec la Confédération", explique Béatrice Métraux, conseillère d'Etat vaudoise en charge de l'Environnement et de la Sécurité.
Près de 40'000 sites pollués en Suisse
Le chemin sera long et complexe. Cela va durer des années, estime Béatrice Métraux. Se posera ensuite la délicate question des remboursements et des responsabilités.
En Suisse, de manière générale, 38'000 sites pollués sont recensés dans les cadastres concernés. Près des deux tiers des investigations nécessaires sont achevées et environ 1200 des quelque 4000 sites nécessitant un assainissement (sites contaminés) ont déjà été assainis.
"Les surfaces touchées sont énormes, souligne le conseiller national Fabien Fivaz (Verts/NE). Enlever la terre, la mettre en décharge ou l'incinérer - les instruments tels qu'on les connaît aujourd'hui - ne seront plus possibles. Parce qu'on sera face à des surfaces gigantesques. Il faudra imaginer d'autres méthodes pour attaquer cette problématique."
De son côté, la conseillère aux Etats Elisabeth Baume-Schneider (PS/JU) et membre de la commission de l'Envrionnement souligne qu'il "faudra venir avec des mesures". "Les cantons ont tout intérêt à déclarer leurs sites pollués, car il leur revient la responsabilité de les décontaminer." Pour l'élue jurassienne, il est nécessaire "d'accélérer le rythme": "Si on ne se préoccupe pas des procédures cantonales et communales, on n'arrivera pas à assainir les sites pollués connus, alors qu'il pourrait y en avoir d'autres."
Risque "pas si important"
Mais pour Elisabeth Baume-Schneider, il ne faut pas tomber dans la "crainte" que toutes les places de jeux de Suisse ou que de nombreux quartiers sont pollués.
Un avis partagé par Nathalie Chèvre, écotoxicologue à l'Université de Lausanne: "On peut se poser la question du risque que représente réellement ces dioxines dans les sols. Ce sont des polluants qui ont des effets cancérigènes sur le long terme. (...) Le risque n'est pas si important."
>> Voir aussi: les informations de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire sur les dioxines
Valérie Hauert/Romaine Morard/vajo