Il faudra sans doute rouler plus lentement à Sion l'année prochaine. La ville souhaite instaurer dès 2022 des limitations à 30 km/h, de jour comme de nuit, sur huit routes du centre-ville de la capitale valaisanne.
L'objectif affiché est de chasser les voitures qui transitent par le centre-ville, en incitant les automobilistes à utiliser l'autoroute comme axe de contournement. Aujourd'hui, ces derniers choisissent trop souvent de passer par le coeur de la cité, essentiellement par habitude.
Mais ces changements d'habitude ne se feront sans doute pas facilement. Le nouveau concept induira des détours qui rallongeront le trajet, voire le temps de parcours. Et en termes de pollution, ces trajets allongés diminueront l'impact positif d'un trafic fluidifié au centre-ville.
Diminuer les conflits et favoriser le vélo
Les autorités sédunoises le reconnaissent: un usage accru des transports publics et du vélo serait plus efficace. Cela pourrait aussi passer par l'abandon des places de parc gratuites pour les employés.
Mais ce type de limitations permet aussi d'agir sur plusieurs axes comme les nuisances sonores, la qualité de l'air ainsi que la réduction des conflits entre les différents usagers de la route, notamment une amélioration de la sécurité des piétons et des vélos.
Si aucune opposition n'est déposée, la vitesse devrait être abaissée sur plusieurs tronçons dès le printemps 2022, explique Vincent Kempf, chef du service de l’urbanisme et de la mobilité. Dans un second temps, le périmètre de la zone devrait être étendu sur d’autres axes qui nécessitent un réaménagement plus important de la chaussée. Des études sont en cours.
Par ailleurs, le président de Sion Philippe Varone a lancé mardi matin un appel à l'Etat du Valais pour qu'il suive l'exemple de sa capitale et abandonne la mise à disposition de places de parc gratuites. Et cet élan pourrait être conforté par une étude du Bureau de prévention des accidents, publiée également mardi, qui indique qu'une majorité de la population suisse pourrait être favorable à une généralisation de ce type de mesures (voir encadré).
Romain Carrupt/jop/ats
La moitié de la population suisse favorable aux zones 30 dans les localités
Une courte majorité (52%) de la population suisse serait favorable à la création de "zones 30" dans les localités, selon un sondage du Bureau de prévention des accidents (BPA) publié mardi. Les principaux axes de circulation resteraient quant à eux limités à 50 km/h.
Ce soutien est plus prononcé chez les seniors (59%) que chez les jeunes de 15 à 24 ans (40%). Tant les hommes (51%) que les femmes (54%) se montrent favorables à cette mesure.
Au niveau des régions linguistiques, cette mesure est particulièrement populaire au Tessin, où deux tiers des personnes interrogées la soutiennent. La Suisse romande suit avec 55% de soutien, tandis que la Suisse alémanique est la plus mitigée (50%).
Méconnaissance des règles
Selon des analyses du BPA, le nombre d’accidents graves pourrait être réduit d’au moins un tiers avec une telle limitation. "Des efforts doivent encore être fournis afin de démontrer à la population le potentiel de sécurité d'un tel régime à l'intérieur des localités, y compris sur les principaux axes de circulation", estime le directeur du bureau Stefan Siegrist, cité dans le communiqué.
Le sondage révèle par ailleurs une méconnaissance de la règle de priorité applicable dans les zones 30. Près de trois quarts des Suisses (70%) pensent en effet que les piétons y ont la priorité. Or, ce sont les automobilistes, les motocyclistes et les cyclistes qui y sont prioritaires.
Le sondage du BPA auprès de la population est mené chaque année depuis 1995. En 2021, il a consisté en une enquête téléphonique auprès d’environ 1000 personnes, et en deux enquêtes en ligne portant sur des thèmes distincts réalisées auprès de personnes âgées de 15 à 74 ans. Les échantillons en ligne sont aléatoires et stratifiés par âge et par région linguistique. Quelque 1258 personnes ont participé au sondage portant sur la circulation routière.