Selon une information du Temps confirmée mardi par le Tages-Anzeiger, les deux enfants sont désormais en sécurité en Belgique. Ils ont été rapatriés le 16 juillet dernier, avec un groupe comportant au total six femmes et dix enfants. Parmi eux, la dénommée Yusra M. (son nom de famille n'est pas connu) et ses deux enfants, nés dans le califat auto-proclamé d’un père vaudois, Bastien M. L'une de leurs grands-mères qui les avait rejoints en Syrie a aussi fait partie du voyage de retour.
Comme toutes les mères des familles ayant gagné la Syrie et soutenu Daech, Yusra avait été condamnée par contumace à 5 ans de prison pour avoir rejoint un groupement terroriste. Elle est toujours emprisonnée.
"Les y laisser, c’est créer les terroristes de demain"
Leur retour fait suite à une annonce du Premier ministre belge Alexander de Croo devant le Parlement. En mars dernier, il avait déclaré que les enfants belges de moins de 12 ans présents dans des camps du nord-est de la Syrie seraient rapatriés. "Les y laisser, c’est créer les terroristes de demain", avait argumenté le dirigeant libéral, estimant qu'entre 30 et 40 enfants pouvaient prétendre au rapatriement. La Belgique s'était aussi engagée à examiner au cas par cas la situation de 13 mères.
La décision de rapatriement a été prise après une visite d’une délégation parlementaire dans deux camps de prisonniers de cette région. Elle avait constaté à quel point la situation était tendue, surtout dans le camp de Al-Hol, qui regroupe plusieurs dizaines de milliers de personnes et reste sous la coupe de l'organisation Etat islamique.
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Un groupe de psychologues et de médecins s'y est aussi rendu à deux reprises. Et quand la justice a ordonné au gouvernement de procéder à un test ADN sur l'un des enfants présents dans le camp pour prouver qu'il était bien celui d’une citoyenne belge, le gouvernement a décidé de généraliser la procédure.
L'ambassade suisse pas impliquée
On ne sait pas si la Suisse, qui n'a pas du tout la même politique que la Belgique en matière de retour des familles de djihadistes, a joué un rôle dans ce rapatriement. Selon les renseignements obtenus par la RTS, il n'y a en tout cas pas eu de contact au sujet de ces enfants entre les autorités belges et l’ambassade suisse en Belgique. La RTS a même appris à certains de ses interlocuteurs impliqués dans le processus de retour ‒ psychologues ou chargés des droits de l'enfance ‒ que deux des dix enfants rapatriés avaient un père suisse.
L'endroit où les enfants ont été pris en charge en Belgique et les instances qui s'en occupent n'ont pas été divulgués. Le délégué aux droits de l’enfance affirme cependant que la plupart des enfants rapatriés sont suivis, scolarisés et vont relativement bien, même si certains souffrent d’un "stress précoce toxique", résultat du climat anxiogène dans lequel ils ont grandi et qui peut avoir un impact sur leur capacité de socialisation.
Sujet radio: af
Adaptation web: Vincent Cherpillod