Pourquoi il n'est pas correct de dire le "lac Léman"
Le Léman a connu plusieurs noms au gré du temps et du passage des populations qui se sont installées sur ses rives. Mais dire ou écrire le "lac Léman" est faux. Éléments de réponse avec le conservateur du Musée du Léman, Lionel Gauthier.
"Le Léman a connu plusieurs influences", note Lionel Gauthier, conservateur du Musée du Léman à Nyon (VD), mardi dans Couleurs locales. "La Ville de Genève, par exemple, étant très importante à une époque, a essayé d'imposer le nom de 'lac de Genève'. Cette dénomination est toujours d'actualité en anglais. Et en allemand, on dit 'Genfersee'."
En revanche, en français, en espagnol ou encore en italien, on préfère utiliser le terme "Léman". "Chaque langue a choisi son camp", sourit Lionel Gauthier. Dès le IIe siècle après J.-C., c'est même le "lac de Lausanne" qui prévaut. Mais la notion tombera en désuétude au XVIIe siècle, décrit le Dictionnaire historique de la Suisse
Changement au XVIe siècle
Les humanistes et cartographes du XVIe siècle - Sebastian Münster en 1552 et Mercator vers 1575 - reprennent "Léman", dont se sert l'administration bernoise, puis les autorités révolutionnaires (République lémanique, département du Léman).
Le nom "Léman" renvoie à une racine indo-européenne signifiant "lac". La désignation officielle "lac Léman" constitue donc un pléonasme, commis déjà par les géographes antiques et par César, qui évoquent un lacus lemanus, indique le Dictionnaire historique de la Suisse.
"Le grand scientifique du Léman François Alphonse Forel - qui est l'inventeur de la limnologie, la science des lacs - expliquait que le Léman est un individu géographique", explique Lionel Gauthier. "Il faut donc dire 'le Léman' comme on dirait 'la Suisse' ou 'le Cervin'."
Julien von Roten/Martial Gérardin avec vajo
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