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Une disette énergétique menace en l'absence d'un accord avec l'UE

Simonetta Sommaruga, conseillère fédérale. [Keystone - Anthony Anex]
L’approvisionnement en électricité pourrait devenir critique d'ici 2025 en Suisse: interview de Simonetta Sommaruga / Le 12h30 / 2 min. / le 14 octobre 2021
Sans accord énergétique avec l’Union européenne, les besoins suisses en électricité pourraient ne plus être satisfaits d’ici 2025, selon des projections de l'administration fédérale. Interrogée par la RTS, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga se veut toutefois rassurante.

La Suisse est étroitement liée au réseau d'électricité européen. Le Conseil fédéral a pris connaissance mercredi de scénarios - avec dans le pire des cas, une situation critique pour l'approvisionnement électrique en mars 2025 - que prévoit l'Office fédéral de l'énergie (OFEN) dans un rapport.

Faut-il craindre une pénurie? Non, il ne faut pas s'inquiéter, répond la ministre de l'énergie Simonetta Sommaruga au micro du journal de 12h30 de la RTS.

"Comme on sait qu'il y a cette possibilité, on sait aussi ce qu'il faut faire", rassure la conseillère fédérale. "C'était important de savoir à l'avance quels sont les scénarios. Et à quoi on peut se préparer", développe-t-elle.

Centre du réseau électrique européen

Quel est le problème plus précisément? Il s'agit de l'absence d'accord sur l'électricité avec l'Union européenne (UE). Berne et Bruxelles en discutent depuis 2007. En 2018, les négociations ont été gelées, l'UE liant la signature à l'accord institutionnel. Ce dernier ayant échoué, il faut s'attendre à ce que l'accord sur l'électricité ne soit pas trouvé dans les temps ou pas conclu du tout.

Le barrage sur le Stausee, dans les Grisons. [KEYSTONE - GIAN EHRENZELLER]
Le barrage sur le Stausee, dans les Grisons. [KEYSTONE - GIAN EHRENZELLER]

La Suisse se trouve au centre du réseau électrique européen. Elle est liée à celui-ci avec plus de 40 lignes électriques transfrontalières. Mais n'ayant pas d'accord avec l'UE, elle est exclue des décisions concernant le marché de l'électricité européen. Des problèmes peuvent surgir à partir de 2025, explique l'OFEN.

A cette date, tous les gestionnaires de réseau de transport européens devront réserver au moins 70% des capacités transfrontalières du réseau pour les échanges d'électricité entre les Etats membres de l'UE. La Suisse pourrait voir ses capacités d'importation se restreindre. Les flux d'électricité non planifiés dus aux échanges entre pays voisins pourraient augmenter et menacer la stabilité du réseau helvétique.

Trois scénarios

En conséquence, l'OFEN a présenté trois scénarios basés sur l'hypothèse la plus pessimiste. Le premier part d'une absence totale de coopération entre la Suisse et l'UE. Les pays européens limiteraient la capacité de transport vers et depuis la Suisse.

Le pays disposerait de trop peu d'énergie. En raison des faibles capacités d'importation et de la pénurie d'énergie en hiver, les niveaux dans les centrales d'accumulation baisseraient rapidement.

La situation deviendrait critique à la fin du mois de mars 2025. Les besoins en électricité ne pourraient plus être couverts pendant 47 heures. Dans des circonstances extrêmes, l'approvisionnement pourrait même être interrompu pendant 500 heures.

Dans le deuxième scénario, la société nationale Swissgrid conclut des accords techniques avec ses homologues européens. La Suisse est alors prise en compte dans la mise en œuvre de la règle des 70% aux frontières avec l'Italie, la France, l'Allemagne et l'Autriche. Elle dispose en tout temps de suffisamment d'énergie, à condition que ces accords soient conclus dans les temps.

Le troisième scénario part d'un accord garantissant la participation de la Suisse au marché intérieur européen de l'électricité. C'est le scénario qui permet de gérer la situation la plus pessimiste de la manière la plus sûre, explique l'OFEN.

Sommaruga insiste sur les investissements

Malgré ces scénarios, Simonetta Sommaruga a tenu à rappeler que la Suisse assure ses arrières grâce à une sécurité de planification.

"On sait combien d'argent est là pour les investissements", a indiqué la ministre. "Mais il y aussi les entreprises de l'électricité qui doivent faire des investissements. Et les cantons et les villes, qui sont propriétaires de ces entreprises, doivent mettre la pression pour que ces investissements se fassent", a complété Simonetta Sommaruga.

>> Lire également sur le même sujet : Le Conseil fédéral veut réduire le nombre de recours contre les énergies renouvelables

ats/ami

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Un autre rapport sur ce qu'il faudrait faire

Par ailleurs, un second rapport, élaboré par la Commission fédérale de l'électricité (Elcom) et Swissgrid présente les mesures pour améliorer la sécurité du réseau et de la sécurité de l'approvisionnement à court et à moyen terme. De nombreuses mesures concernent Swissgrid. Elles sont déjà mises en œuvre ou planifiées.

En priorité: accord avec les partenaires européens

Parmi les mesures prioritaires figure la conclusion d'accords techniques entre Swissgrid et les gestionnaires de réseau de transport de l'UE. Les autres mesures sont plus techniques. Elles concernent notamment le remplacement anticipé de transformateurs de couplage ou l'amélioration de la coordination entre le réseau de transport et les réseaux suprarégionaux.

L'ElCom doit élaborer d'ici novembre un concept sur les centrales à gaz destinées à couvrir les charges de pointes. Le Département fédéral de l'énergie présentera d'ici la fin de l'année une analyse sur le potentiel d'efficacité électrique jusqu'en 2025.