"Au début, je pensais juste qu'ils jouaient à 'Un, deux, trois soleil', mais en fait, je me suis aperçu que non. Ils se fouettaient avec des trucs. La série Squid Game est cool, mais si on le fait en vrai, cela peut être dangereux", témoigne Youri, un élève belge âgé de 6 ans, jeudi dans le 12h45.
Mêlant allégorie sociale et violence extrême, Squid Game met en scène des personnages issus des franges les plus marginalisées de Corée du Sud, dont un migrant indien et un transfuge nord-coréen, participant à des jeux d'enfants traditionnels afin de remporter 45,6 milliards de won (35 millions de francs).
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Mise en garde de la police
Or, en Suisse, des enfants de 9-10 ans y jouent à la récréation, mimant des exécutions par balles ou des égorgement, explique le site francophone du Blick. Des extraits de la série circulent aussi dans les préaux. Plusieurs mises en garde à l'adresse des parents ont été diffusées, notamment par la Police cantonale vaudoise.
Et le Département vaudois de la formation, de la jeunesse et de la culture a réagi. Il a rédigé une lettre type que les établissements scolaires peuvent envoyer aux parents des enfants qui jouent ou qui partagent les extraits de la série. Une lettre qui dit en substance qu'il faut surveiller ce que regardent leurs enfants.
"Rôle de l'école de faire de la prévention"
"C'est le rôle de l'école de réagir lorsque des phénomènes commencent à apparaître dans les cours d'écoles en lien avec des phénomènes de société", explique la conseillère d'Etat vaudoise en charge de la Santé Rebecca Ruiz, jeudi dans La Matinale de la RTS. Avant d'ajouter: "Les enfants ne passent pas toute la journée à l'école. Ils sont aussi à la maison, parfois sans surveillance de ce qu'ils regardent sur les écrans. C'est évidement le rôle de l'école de faire de la prévention."
C'est le rôle de l'école de réagir lorsque des phénomènes commencent à apparaître dans les cours d'écoles en lien avec des phénomènes de société
Pour l'heure, seul le canton de Vaud subit ce phénomène. Mais l'alerte a été lancée dans plusieurs villes et régions françaises. "Ce sont des mécanismes qui ont déjà existé dans la cour de récréation, par exemple, lorsque les élèves décident d'attaquer tous leurs camarades qui ont un pull rouge, ceux qui sont nés en 2010 ou qui sont allés chez le coiffeur le week-end", décrypte le psychopédagogue et chercheur à l'Université de Mons Bruno Humbeeck, dans le 12h45. "Il faut considérer la cour de récréation comme un espace qui doit nécessairement être contrôlé et surveillé par des adultes."
Pour la professeure de sociologie Claire Balleys également, ce phénomène n'est pas nouveau. "Depuis très longtemps, le contenu culturel des séries, des films, est reproduit dans le jeu des enfants. On tue pour jouer, c'est une manière de s'approprier ces contenus", explique la directrice du MediaLab à Genève.
Chaque génération a ainsi l'impression que c'est "toujours plus violent", détaille la sociologue dans le 19h30. "Ce qui est nouveau, c'est la viralité du phénomène, qui fait que tout le monde le voit très vite et en parle. Mais aujourd'hui, contrairement à l'époque de la télévision, on a la possibilité de configurer les différentes applications en fonction de l'âge."
La spécialiste souligne en revanche que la préoccupation toujours grandissante des adultes peut être néfaste: "Regarder tout ce que les enfants regardent et tout ce qu'ils font est un danger pour les droits de l'enfant."
Charlotte Onfroy-Barrier/vajo avec ats