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Plusieurs plaintes pour homophobie ont été déposées récemment en Suisse

Un drapeau LGBT durant une manifestation à New York. [Keystone/epa - Porter Binks]
Plusieurs plaintes pour homophobie ont été déposées récemment en Suisse / Le Journal horaire / 1 min. / le 18 octobre 2021
Plusieurs plaintes pour homophobie, qui s'appuient sur la nouvelle norme pénale punissant les discriminations basées sur l'orientation sexuelle, ont été déposées dernièrement en Suisse. Les faits dénoncés concernent surtout la campagne pour le mariage pour tous.

La campagne liée à la votation sur le mariage pour tous a exacerbé les tensions. L'association de défense des hommes homosexuels et bisexuels Pink Cross a reçu quinze signalements pour crimes haineux durant les trois semaines avant le vote, soit trois fois plus que d'habitude.

Certains décident donc de saisir la justice. Plusieurs lesbiennes et gays de la région de Delémont ont reçu des lettres anonymes ou ont trouvé des feuillets avec des insultes à caractère homophobe dans leur boîte aux lettres, selon l'association LGBTQ+ jurassienne Juragai. Au moins deux personnes ont porté plainte.

Les faits dénoncés ne se limitent pas à la votation du 26 septembre dernier. Deux autres plaintes ont été déposées directement par Pink Cross contre le magazine bimestriel catholique THEOLOGISCHES et son site internet. Des articles ont comparé les homosexuels à la mafia et les accusent d'être des parasites.

Plusieurs plaintes contre Alain Soral

Pink Cross et son homologue LOS, faîtière des lesbiennes, ont déposé vendredi une autre plainte, déjà annoncée le mois dernier, contre Alain Soral. L'idéologue franco-suisse d'extrême droite, installé à Lausanne, a tenu des propos virulents contre la communauté LGBTQ+ et contre une journaliste romande qui avait écrit un texte sur la diffusion en Suisse des idées de l'essayiste.

>> Lire aussi : Une plainte pénale sera déposée en Suisse contre l'essayiste d'extrême droite Alain Soral

La journaliste a également porté plainte. Le Ministère public vaudois a confirmé avoir ouvert une enquête, comme l'a annoncé Le Matin Dimanche. Les propos d'Alain Soral, ainsi que toutes sortes de commentaires haineux de tiers, ont été diffusés dans des vidéos sur le web et les réseaux sociaux.

"On ne peut pas tolérer dans nos démocraties que l'on répande la haine et que l'on discrimine certaines parties de la société", expliquait alors Muriel Waeger, directrice romande de l'association de défense des hommes homos et bisexuels Pink Cross et co-directrice de la faîtière des lesbiennes LOS.

Norme pénale récente

Les plaignants s'appuient sur la nouvelle norme pénale contre l'homophobie, acceptée à plus de 63% par le peuple l'an dernier et entrée en vigueur en juillet 2020. L'article 261bis du Code pénal punit désormais aussi les discriminations et l'incitation à la haine fondées sur l'orientation sexuelle.

Il est encore trop tôt pour disposer d'une statistique nationale des plaintes déposées. La Conférence des procureurs de Suisse ne tient pas ses propres statistiques dans le domaine des poursuites pénales. Contacté par Keystone-ATS, son secrétaire précise que "nous n'avons pas connaissance de problèmes liés à l'application de la nouvelle norme".

Un avis que ne partagent pas vraiment les organisations LGBTQ+. Inquiètes de constater que les mesures d'accompagnement nécessaires pour que cette loi ait un effet concret font "jusqu'à présent totalement défaut", elles sont intervenues, de concert avec des députés, dans 16 cantons sous la forme d'interpellations.

"Cette loi est encore toute nouvelle. La plupart des personnes ne sont pas forcément au courant qu'elle existe et qu'elles peuvent déposer plainte", souligne Muriel Waeger. En outre, pour la Romande, il s'agit d'une loi "extrêmement précise". "Ce sont des condamnations pour des appels à la haine généraux et publics." La loi ne prend ainsi pas en compte tous les cas d'homophobie, estime-t-elle.

agences/iar

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Les associations faîtières critiquent l'inaction des autorités

"Le Conseil fédéral a manqué plusieurs occasions d'agir", soulignaient en mai dernier les organisations faîtières, pour qui le gouvernement "fait en sorte que la Suisse reste à la traîne en matière de protection et d'égalité des personnes LGBTQ+ par rapport aux autres pays européens". Elles placent ainsi leurs espoirs dans les cantons.

Elles précisaient alors que la plupart des agressions sont des injures et insultes. Quelque 18% des cas recensés en Suisse en 2020 concernaient des violences physiques, ce qui représente une baisse par rapport à 2019 quand elles constituaient un tiers des 66 agressions rapportées. Cette baisse s'explique probablement par les mesures de prévention du coronavirus. A peine 20% de ces agressions font l'objet d'une plainte, selon ce rapport.

Pour Muriel Waeger, "c'est avant tout à l'Etat de permettre aux personnes d'avoir les outils en main pour dénoncer les propos qui n'ont pas lieu d'être" dans le domaine public.

>> Son interview dans La Matinale :

Mariage pour tous: « Ce résultat signifie que la population accepte nos formes de famille », selon Muriel Waeger
La communauté LGBT peine toujours à dénoncer les actes homophobes dont elle fait l'object / Interview de Muriel Waeger / La Matinale / 1 min. / le 18 octobre 2021