Le phénomène "Squid Game" - la nouvelle série ultra-violente de Netflix - a démontré avec quelle facilité enfants et adolescents ont accès à des contenus qui ne sont pas de leur âge. De nombreux extraits sont disponibles sur Tik Tok, l'application reine des 13-17 ans.
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Dans un monde numérique parfois néfaste, les plus jeunes doivent être guidés. A l'école, le Plan d'études romand (PER) a enfin été révisé ce printemps. Il intègre désormais trois piliers numériques dans la scolarité obligatoire: l'usage approprié des outils, l'initiation à la science informatique et l'éducation aux nouveaux médias, dont l'utilisation des réseaux sociaux comme Instagram ou Twitch.
Ordre dispersé
Si le cap numérique est fixé, les cantons sont souverains pour son application. Le président de la Commission romande pour l'éducation numérique, Christophe Cattin, indique que le déploiement du PER se fait avec des moyens et des rythmes différents.
"Cet ordre dispersé nous permet d'évaluer la pertinence, l'efficience, la qualité et les coûts de ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas. Nous sommes dans une phase probatoire, nous n'avons pas assez de recul. Ici, dans le Jura, nous sommes plutôt contents de voir les expériences menées dans le canton de Vaud, car nous allons pouvoir en tirer des enseignements pour toute la Romandie", explique-t-il lundi dans La Matinale.
"Les parents sont souvent démunis"
Mis à part l'école, les parents ont aussi un rôle à jouer, même s'ils sont souvent dépassés par l'évolution rapide des usages. Pour Marjory Winkler, directrice de la plateforme "ciao.ch", il est urgent que les parents s'éduquent au numérique puisque les enfants y sont confrontés de plus en plus tôt.
"De la même façon qu'un parent va accompagner son enfant durant ses jeunes années, qu'il va lui montrer ce qu'est le savoir-être, le savoir-faire, la même chose se déroule sur les réseaux sociaux. Les parents sont souvent assez démunis, alors qu'il s'agit simplement d'une part en plus de l'adolescence. Comme c'est quelque chose de nouveau, les adolescents eux-mêmes sont aussi inquiets de leur consommation, notamment des écrans, et de ce qui peut se passer sur internet. Il doit y avoir une éducation plus globale", estime la Jurassienne.
Ne pas diaboliser
Pour Claire Balleys, sociologue à l'Université de Genève, les usages du numérique ne doivent pas être diabolisés. "Il faut apprendre à avoir un regard critique sur les plateformes et les algorithmes qui poussent à la consommation, avec beaucoup de contenus publicitaires. Mais il faut aussi voir l'aspect créatif et positif des usages: on s'exprime, on discute, ce sont des pratiques sociales et culturelles très importantes", relève la spécialiste.
L'éducation numérique est encore une vaste terre d'apprentissages, avec un patchwork de pratiques. Avec l'espoir de forger un esprit critique face à une économie de l'attention qui choisit des cibles de plus en plus jeunes.
Miruna Coca-Cozma/gma