La scène est rare. Elle s'est déroulée l'année dernière au Marchairuz, dans le Jura vaudois. Une meute de loups s'est attaquée à un troupeau de vaches. Les faits ont été exceptionnellement captés par un piège vidéo installé dans la forêt.
"Ce sont des images importantes, car c'est la première fois qu'on a réalisé que les loups pouvaient s'attaquer à des bovins de 200 kg", souligne Jean-Marc Landry, biologiste, éthologue et spécialiste du loup dans le 19h30.
"On voit des vaches allaitantes qui élèvent leurs petits. Sur un passage, un des loups va s'en prendre à des veaux", continue-t-il de décrire. "Ce qui est intéressant aussi c'est que les mères vont réagir pour repousser les loups." C'est la première fois, à sa connaissance, qu'une telle scène a pu être filmée.
Hausse de ce genre d'attaques dans l'avenir
Et ce genre d'attaques sur des bovins pourraient tout à fait se reproduire dans l'avenir, débordant jusque dans la Vallée de Joux et au pied du Jura. Surtout que, selon le spécialiste, deux loups adultes ont récemment rejoint la meute.
"L'an passé, il y avait deux adolescents et deux reproducteurs. Cette année, il y a deux adultes en plus, ce qui donne une force de frappe supplémentaire", poursuit-il, indiquant que quatorze attaques sur des bovins et des chèvres ont eu lieu cette année dans le Jura vaudois. C'est pour cette raison qu'en août, les autorités vaudoises ont sollicité le tir de régulation de deux louveteaux de la meute du Marchairuz, comme l'explique le spécialiste.
>> Lire aussi : Manifestation contre le tir du loup dans le Jura vaudois
Des attaques sur des sangliers constatées
Et des attaques sur des sangliers ont aussi été constatées. "Quelques carcasses ont été découvertes", révèle Jean-Marc Landry, qui espère d'ailleurs que le loup s'attaque davantage aux sangliers dans l'avenir. "On a beaucoup de problèmes avec eux dans le canton de Vaud et de Genève. On espère que le loup va changer sa culture alimentaire et partir sur le sanglier. Ceci arrangerait un peu tout le monde."
Et ce, même si sur la vidéo du 19h30, c'est l'inverse qui se produit. On y voit une louve fuir précipitamment devant la charge d'un gros sanglier (à partir de 2' 12"). "Dans ce cas, c'est un sanglier mâle, donc c'est difficile pour un loup de le tuer seul", précise Jean-Marc Landry.
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web par Fabien Grenon
Le loup peut devenir un outil marketing
Et si le loup n’était pas seulement un sujet de débat, mais aussi un argument marketing pour le tourisme en Suisse.
Des tours pour observer le prédateur, un peu à l’image des safaris, commencent à être organisés ici et là en Suisse, comme au-dessus de Viège où s’est formée en 2016 la première meute en Valais.
"Je ne vois pas forcément de loup, mais j’apprends plein de choses sur lui, par exemple la taille de son territoire, qui est immense", se réjouit un participant interrogé dans le 19h30. "Ce n’est pas très différent d’une randonnée classique, mais de savoir qu’il y a des loups juste ici, c’est impressionnant", renchérit une autre.
Les tours comme celui organisé dans la région de Viège sont encore rares, mais ils affichent complets des mois à l’avance.
Cet engouement pousse d'ailleurs certains acteurs touristiques à vouloir développer ce genre d’offres. Début août, dans la Sonntagszeitung, l’ancien directeur de Suisse Tourisme appelait d'ailleurs à miser sur le loup pour diversifier le tourisme de montagne, à l’image de ce qui se fait déjà en Espagne ou en Suède.
En Valais toutefois, où la question du loup reste particulièrement sensible, les milieux touristiques sont plutôt sceptiques. "C’est vrai que c’est un besoin du client de venir et voir les animaux qu’on a en Valais, comme les cerfs ou les bouquetins", souligne dans le 19h30 le directeur de Valais-Wallis Promotion Damian Constantin. "Après, le loup, c’est un prédateur qu’on voit rarement, voire jamais. Et dans ce contexte, le loup dérange plutôt qu’il soutient cette expérience. "