Simonetta Sommaruga: "On a trop peu investi dans le renouvelable indigène ces dix dernières années"
Des inquiétudes ont surgi en Suisse ce week-end, après l'annonce de possibles pénuries d'électricité dans le pays, basée sur des projections de l'administration fédérale. En cause, la part trop faible des énergies renouvelables indigènes dans l'énergie utilisée en Suisse.
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Les chiffres sont éloquents: environ 60% de la production d'électricité produite sur le territoire suisse provient des installations hydrauliques, contre 33% pour le nucléaire. Les énergies renouvelables, elles, ne représentent qu'un peu plus de 6%. Les projets d'envergure en la matière peinent à se développer. C'est le cas des éoliennes, confrontées à de nombreuses oppositions citoyennes et politiques, mais pas uniquement.
Genève, par exemple, développe une nouvelle technologie de panneaux solaires, un concept séduisant mais encore difficile à généraliser en raison des multiples oppositions mais aussi d'un manque de volonté politique, estime le directeur général Services industriels genevois (SIG) Christian Brunier dans le 19h30.
Trop peu d'investissements
"C'est un fait: ces dix dernières années, on a trop peu investi dans les énergies renouvelables indigènes dans notre pays. On a beaucoup trop compté sur les importations", concède lundi soir la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, en charge de l'Energie.
La responsable du DETEC explique ainsi que l'investissement dans le renouvelable a été l'une de ses priorités lorsqu'elle a pris les rênes de son département en 2019. "J'ai tout de suite préparé une loi qui prévoit d'investir beaucoup plus dans les énergies renouvelables dans notre pays", explique-t-elle.
"Le Parlement a adopté une première partie de cette loi, et il doit discuter de la deuxième partie, dans laquelle on prévoit notamment des stockages pour l'hiver et des réserves stratégiques", poursuit-elle. Ainsi, grâce à cette loi, "on sera très bien préparés pour investir dans le renouvelable", estime la socialiste.
Le gaz en dernier recours
Une partie de la solution pourrait venir du biogaz, en complément à l’énergie solaire. Mais là aussi, le développement de ces centrales stagne, par manque de subventions mais aussi à cause d'oppositions du voisinage.
Toutefois, "parler du gaz au moment où on parle de climat, cela doit être en dernier recours. Si on n'a vraiment plus rien d'autre, bien sûr le gaz est une possibilité", juge Simonetta Sommaruga, qui explique par ailleurs que les diverses modalités de production et d'utilisation doivent encore être étudiées.
Le nucléaire ne fait pas rêver les entreprises
Enfin, alors que le nucléaire semble faire un retour en grâce dans certains pays d'Europe, principalement en France, Simonetta Sommaruga tempère. "Je vois des annonces politiques dans plusieurs pays, mais pas de projets concrets", sourit-elle.
La conseillère fédérale explique avoir évoqué le nucléaire lors de ses échanges avec les acteurs suisses du secteur de l'électricité. "Jusqu'à présent je n'ai vu aucune entreprise qui serait d'accord d'investir dans le nucléaire dans notre pays", dit-elle.
>> La position de Simonetta Sommaruga:
Propos recueillis par Philippe Revaz
Texte web: Pierrik Jordan