Leila Boussemacer: "La traite des êtres humains peut toucher autant les femmes que les hommes"
La traite des êtres humains peut prendre de multiples formes. A Berne, une conférence a eu lieu ce lundi après-midi avec pour thème l’exploitation de la force de travail.
"On a recensé en 2020, 174 nouvelles victimes de traite identifiées et assistées par nos associations" (151 femmes et 23 hommes), souligne dans Forum Leila Boussemacer, avocate au Centre social protestant (CSP) de Genève. "Quelque 25% étaient victimes d'exploitation de la force du travail", poursuit-elle, ce qui peut toucher de nombreux domaines, que ce soit la construction, l'agriculture, la restauration ou les ménages privés.
"Vulnérables et dépendantes"
Et qui sont les victimes? "On associe beaucoup la traite des êtres humains aux femmes, mais il y a aussi des hommes. Cette année, on a d'ailleurs assisté plus d'hommes que de femmes", répond la spécialiste. Le point commun entre les victimes, "c'est qu'elles sont souvent vulnérables, dépendantes financièrement, socialement et personnellement de l'employeur."
La précarité administrative favorise également grandement l'exploitation."Il y a beaucoup de promesses de régulation qui ne sont pas tenues. Récemment, on a assisté de nombreuses victimes de l'Union européenne, notamment d'Espagne. Donc c'est certainement lié à la crise économique dans leurs pays.", relève Leila Boussemace.
Comment réagir quand on est victime ou témoin d'exploitation? "A Genève, on a par exemple notre helpline qui est accessible tous les après-midis. On peut appeler gratuitement et anonymement pour avoir des renseignements en tant que victimes ou témoins. Il y a aussi les centres LAVI (Loi sur l'aide aux victimes) dans tous les cantons qui peuvent assister les victimes. Il y a les offices cantonaux des relations de travail qui peuvent aussi être de bons relais. Et la police aussi."
Propos recueillis par Mehmet Gultas
Adaptation web: Fabien Grenon