En période de pandémie, la population suisse a fait son choix. La spécialité du pays qui a le plus ravi les papilles n'est pas le chocolat, mais bien le fromage.
A la Maison du Gruyère, la production bat son plein. En un an, elle a augmenté d'environ une tonne. "On essaie de suivre la demande", relate le directeur de l'Interprofession du Gruyère Philippe Bardet. Sur les 157 fromageries de la filière, chacune "a reçu un potentiel supplémentaire pour essayer de suivre le marché".
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La forte demande n'est pas sans conséquences sur l'affinage du vieux gruyère. Les fromages d'alpage sont une "denrée qui se fait rare", rapporte Philippe Bardet. Pourtant, au début de la pandémie, le directeur misait plutôt sur une chute de la production. Procédant à des inspections régulières dans les magasins, il a été surpris par le succès du gruyère. "J'ai vu un étalage comme ce que j'avais vu à Cuba: toute la ligne de gruyère était vide à la mi-journée."
L'augmentation de la demande ne concerne pas uniquement le gruyère, mais l'ensemble du secteur du fromage suisse. La consommation est passée de 22 kilos par habitant en 2019 à 23 kilos en 2020. Les exportations ont quant à elles augmenté de 38% et la production de 4%.
Les Suisses et Suissesses ont boudé le sucré
Du côté de l'industrie du chocolat, le constat est bien différent. Dans la commune bernoise de Courtelary, Daniel Bloch, directeur de la firme Camille Bloch, a enregistré une baisse de 15% de sa production.
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Selon lui, cette situation s'explique par plusieurs raisons. Tout d'abord, les touristes, qui ont un impact non négligeable sur la consommation de chocolat, ont été moins nombreux à venir en Suisse durant la pandémie. De plus, "les gens ont moins partagé de chocolat avec les autres et en ont moins offert", ajoute Daniel Bloch.
La tendance a touché toute l'industrie chocolatière suisse. La consommation par habitant dans ce secteur est passée de 10,4 kilos en 2019 à 9,9 kilos en 2020. Les exportations ont elles chuté de 13% et la production a diminué de 11,5%.
L'industrie du chocolat innove
La baisse de la demande en chocolat peut également s'expliquer par une attirance de la population envers une alimentation plus saine. Le directeur de Camille Bloch tente aujourd'hui sa chance avec un nouveau produit à base de noisettes enrobées de chocolat ou de café.
"Il y a une tendance très positive pour les noisettes et les fruits secs", affirme-t-il. "Comme on fait tout à Courtelary, de la fève à la noisette, on a une certaine flexibilité et la capacité de réagir avec des innovations. On s'en sort peut-être mieux que nos collègues plus grands, qui arrivent moins à bouger."
La pandémie de Covid-19 a ainsi vu le salé s'imposer en Suisse au détriment du sucré. Pour inverser la tendance, "il faudrait peut-être faire plus de fondue au chocolat", conclut Daniel Bloch en plaisantant.
Sujet TV: Aline Inhofer
Adaptation web: iar