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"La stratégie énergétique actuelle de la Suisse est suicidaire", estime un ingénieur

Le choix de la mobilité électrique est-il une erreur face à un potentiel blackout? (vidéo)
Le choix de la mobilité électrique est-il une erreur face à un potentiel blackout? (vidéo) / Forum / 5 min. / le 21 octobre 2021
Invité de l'émission Forum, l'ingénieur en énergie Marc Müller estime que la stratégie énergétique de la Suisse va droit dans le mur, alors que le Conseil fédéral a récemment annoncé des risques de pénurie d'électricité dans les quatre années à venir.

Le ministre de l'économie Guy Parmelin appelait dimanche les entreprises suisses à se préparer à une potentielle pénurie d'électricité à partir de 2025, faute d'accord sur l'électricité avec l'Union européenne. Marc Müller, consultant chez Impact living, a expliqué jeudi dans Forum que cette annonce permet de faire la lumière sur les énormes enjeux qui attendent la Suisse en matière d'énergie.

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"L'ensemble de la stratégie actuelle est totalement périlleuse. Elle se base sur le principe qu'on ne va pas réussir notre transition énergétique, et donc qu'on va avoir besoin que les pays européens, qui sont moins riches, nous fournissent en électricité. Cela suppose qu'eux vont réussir leur transition énergétique, et qu'ils vont même tellement bien la réussir qu'ils vont encore avoir du surplus électrique à nous vendre. C'est une stratégie complètement suicidaire."

On est un pays d'enfants gâtés. On pense qu'il y aura des gens autour de nous qui vont nous fournir ce qu'on n'a pas envie de faire chez nous

Marc Müller, ingénieur en énergies et consultant chez Impact living.

Marc Müller ne mâche pas ses mots. "Pour le dire crûment, on est un pays d'enfants pourris gâtés et on pense que, sous prétexte qu'on a du pouvoir d'achat, il y aura des gens autour de nous qui vont nous fournir ce qu'on n'a pas envie de faire chez nous, notamment des éoliennes ou de la géothermie profonde."

Le nucléaire "ne résoudra pas" le problème

L'ingénieur en énergie rappelle aussi que le nucléaire ne peut pas répondre à des problèmes d'approvisionnement dès 2025. "Il faut imaginer l'ornière dans laquelle on est. Si on voulait construire une nouvelle centrale nucléaire, il faudrait compter vingt ans. Donc ça ne résoudrait le problème qu'à partir de 2040."

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Selon Marc Müller, il faut que l'on revoie notre façon de consommer de l'énergie. "On se rend compte qu'on vit sur une planète finie. Dans ce cadre-là, on a une certaine quantité d'énergie à disposition, ce qui ne nous permet pas de faire n'importe quoi, n'importe comment." Pour lui, il n'y a pas de solution miracle. "Il faut s'auto-limiter. Comme on met des limites à 120 km/h sur l'autoroute, il y a certaines consommations d'énergie qu'il faut limiter."

Accélérer l'isolation des bâtiments

Miser sur les progrès technologiques constitue "un pari sacrément risqué" selon le consultant, qui ne nie pas qu'il y a eu de véritables progrès, par exemple dans les batteries ou les cellules solaires. Mais il estime qu'il y a des solutions plus faciles à mettre en oeuvre.

"Il y a des actions très simples à faire. Isoler les bâtiments par exemple. On a plusieurs centaines de milliers de bâtiments à isoler, et il y a à peu près 120'000 personnes qui travaillent dans la rénovation des bâtiments. Il faut multiplier par dix la rénovation des bâtiments. C'est tout simple, c'est mettre des isolants sur les façades et changer les fenêtres. Mais il nous manque 300'000 - 400'000 personnes pour aller au bon rythme."

Interview radio: Thibault Schaller
Version web: Antoine Schaub

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