Si le Parti socialiste suisse reste la deuxième force politique du pays, ses scores sont en baisse depuis plusieurs élections fédérales, ainsi que dans les cantons. Selon Roger Nordmann, l'accélération de cette baisse est liée à l'essor de nouvelles formations.
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"L'offre à gauche s'est un peu diversifiée avec la montée des Verts et il y a une nouvelle offre au centre, les Vert'libéraux qui ont peut-être aussi concurrencé le PS, surtout en Suisse allemande", estime-t-il.
Pour Roger Nordmann et son parti, il s'agit désormais d'inverser cette tendance. "On a une nouvelle équipe à la présidence avec Mattea Meyer et Cédric Wermuth qui sont très dynamiques, ouverts et créatifs, je pense que c'est un bon point de départ."
"Diversification" du PS
L'un des aspects importants de cette reconquête, c'est peut-être une plus grande ouverture aux différents aspects de la société, note-t-il. "On l'a vu pendant la crise du coronavirus, on s'est beaucoup préoccupé des indépendants", dont beaucoup étaient en difficulté.
"Dans le cadre de la pandémie, le rôle du PS au sein du Parlement a surtout été de renforcer les aides économiques et de les rendre accessibles. Je pense qu'à ce niveau-là, on a fait un bon travail" qui répondait aux attentes de la population "active économiquement", estime l'élu.
Afin de renouer avec le succès, Roger Nordmann souligne donc la volonté de son parti de diversifier ses publics et ses thématiques.
Le boulet de la loi CO2
Si Roger Nordmann se félicite que le PS puisse compter sur "deux excellents conseillers fédéraux, dont l'un est d'ailleurs le plus populaire", la législature a été marquée par l'échec de la loi CO2 portée par la ministre socialiste Simonetta Sommaruga, malgré le soutien de toute la classe politique traditionnelle à l'exception de l'UDC.
"C'est un gros échec, d'autant que le problème du réchauffement climatique reste intact", admet Roger Nordmann. "Il y a quelques leçons à tirer."
"Ce qui m'énerve de la part de certaines personnes qui veulent protéger le climat, c'est de ne pas écouter ce qui sort des urnes. Cette loi était trop libérale, les gens ont eu l'impression d'être punis et veulent plutôt une approche où on les soutient", analyse-t-il. Il précise toutefois que cette loi avait été lancée dès 2017 par l'ex-conseillère fédérale PDC Doris Leuthard, "avec des outils très libéraux". "On ne pouvait pas arriver et tout reprendre à zéro", dit-il.
Le parti du compromis
Ainsi, dans l'optique des défis à venir, notamment les réformes climatiques ou de l'AVS, Roger Nordmann réaffirme la volonté du PS de se positionner en parti de consensus entre les différents courants de la société et au sein du Parlement.
À titre personnel, le Vaudois annonce également qu'il envisage de quitter le National pour tenter sa chance aux Etats. "Ça m'intéresserait beaucoup, parce que le Conseil des Etats, c'est un lieu où l'on forge particulièrement des compromis, de trouver des solutions de manière moins frontale qu'au National", explique-t-il.
Propos recueillis par David Berger
Texte web: Pierrik Jordan
Le Parti socialiste en chiffres dans la législature 2019-2023
Aux dernières élections fédérales en 2019, le PS a recueilli 16,8% des voix, un score en recul de 2% par rapport à 2015, tandis qu'à mi-parcours de la législature, le baromètre SSR indique encore un tassement de 1% des intentions de vote.
Selon l’Office fédéral de la statistique, le PS a encore perdu des plumes dans les Parlements cantonaux, avec une perte de 24 sièges à l'occasion des différentes votations cantonales.
Le PS reste toutefois le 2e parti de Suisse et également le 2e parti de Suisse romande.