"Ce ne sera pas facile", annonce d'emblée la socialiste. Déterminée mais réaliste, elle rappelle qu'il faudra concilier les intérêts des quelque 200 pays participants face à un enjeu de taille: limiter le réchauffement de la planète autour de 1,5 degré pour éviter des conséquences irréversibles.
"La Suisse va beaucoup s'engager pour qu'on avance, pour que tous les pays aient des stratégies de réduction. Et pour qu'on ne comptabilise pas deux fois les réductions lorsque des pays ont des stratégies de réductions à l’étranger", dit-elle.
Mais à l'heure actuelle, la Suisse manque de crédibilité aux yeux des défenseurs du climat. Après l'échec de la loi sur le CO2, Berne n'est même pas en mesure de remplir les engagements pris dans le cadre de l'Accord de Paris. Pourtant, en tant que pays riche, elle devrait pouvoir montrer l'exemple, déplorent les activistes.
Blocages sur la politique intérieure
"Non seulement la Suisse ne peut pas respecter ses engagements, mais en plus ceux-ci ne sont pas suffisants pour limiter la hausse à 1,5 degré", dénonce Yvonne Winteler, coprésidente de l'Alliance climatique suisse. "Il faut donner à l'urgence climatique l'importance qu'elle mérite", poursuit-elle.
Pour agir malgré les blocages politiques, la Suisse fait partie des pays qui misent beaucoup sur la réduction d'émissions à l’étranger. Elle a notamment conclu récemment des accords avec le Ghana, le Pérou ou encore la Géorgie.
Mais selon la climatologue Martine Rebetez, professeur à l’université de Neuchâtel, cette stratégie est fondamentalement mauvaise, car elle permet de "négocier pour ne rien faire chez soi temporairement". Or, il faudra le faire tôt ou tard, souligne la spécialiste, et à force de jouer la montre, "au final ça coûtera beaucoup plus cher que si on passait à l'action tout de suite", dit-elle.
Bientôt une nouvelle loi CO2
Confrontée à ces critiques, Simonetta Sommaruga insiste: l'objectif, c'est bien de privilégier les mesures pour limiter les émissions suisses. Mais pour autant, il n'y a pas de raison de se priver des autres options à disposition, dont les investissements à l'étranger, estime-t-elle.
La ministre de l'Environnement reconnaît l'existence d'un blocage politique, et souligne qu'il faut entendre et respecter la volonté du peuple suisse qui a désavoué certaines mesures présentes dans la loi sur le CO2 élaborée par le Parlement.
Le Conseil fédéral a conscience de l'enjeu, et proposera bientôt une nouvelle loi, dit-elle. En attendant, elle tentera d'exister et de jouer un rôle sur la scène internationale à l'occasion de la COP 26.
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