Svizra27 est l'un des quatre projets en concurrence pour l’Exposition nationale de 2027. Un concours d’idées avait été lancé en juin 2020 et les membres du jury de cette candidature du Nord-Ouest de la Suisse sont réunis mardi et mercredi dans la capitale jurassienne pour évaluer les cinq dernières idées soumises.
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La meilleure sera officiellement désignée le 15 novembre à Bâle. Le projet fera ensuite l’objet d’une étude durant deux ans avant sa présentation au Conseil fédéral.
Les trois thèmes retenus par l’association Svizra27, qui regroupe les cantons d'Argovie, de Bâle-Campagne, de Bâle-Ville, du Jura et de Soleure, sont l’humain, le travail et la cohésion.
Une réflexion sur l'avenir de la Suisse "qui fait sens"
Invitée mercredi de La Matinale de la RTS, la présidente de ce jury, l'ancienne conseillère fédérale Doris Leuthard, défend le principe d'une expo nationale comme un besoin pour la Suisse.
"Tous les 25 ans, pour chaque génération, il faut avoir une plateforme pour dialoguer sur le futur de la Suisse: où sont nos défis? Où voulons-nous nous positionner? Au niveau national, cet échange, cette réflexion sur notre avenir fait sens et c'est l'idée de Svizra27", explique-t-elle.
Le lien entre les cinq cantons regroupés au sein de Svizra217 n'est pas évident au premier coup d'oeil. "Mais si on regarde de près", souligne l'ancienne conseillère fédérale, "ce sont les fleuves qui rassemblent ces cantons. C'est aussi l'industrie: la pharma, la logistique, la micro-électronique. Et il y a les questions liées à la frontière, celle de la France et de l'Allemagne. Ce sont des valeurs en commun".
"On peut aussi faire rêver" avec la thématique du travail
Le projet s’articulerait autour du travail et des enjeux de la numérisation. Mais cette thématique est-elle vraiment propre à faire rêver les Suissesses et les Suisses? "Avec le travail, on peut faire aussi pas mal de choses pour rêver", assure Doris Leuthard. "Je pense notamment aux jeunes qui ne savent pas encore quoi faire ou ce qui change dans le travail avec les technologies d'aujourd'hui".
Et pour la présidente du jury de Svizra27, ce type d'évènement est toujours d'actualité. "Une société a besoin de ces échanges (…) Et cette exposition que l'on veut faire, ce n'est pas pour faire la fête, c'est vraiment pour dialoguer, réfléchir, être inspirés. Et l'inspiration, les rêves, sont absolument importants pour la société de demain".
Un budget estimé à un milliard de francs
Le projet est estimé en l'état à un milliard de francs, un montant qui devra être partagé entre public et privé.
"Ce doit être un mix. Naturellement, la Confédération a toujours une responsabilité vis-à-vis d'une exposition nationale. En principe, elle finance la moitié des coûts. Et les cantons jouent aussi un rôle. Mais les entreprises trouvent également leur intérêt avec le thème du travail".
Et l'objectif du milliard de francs "n'est pas grand-chose en regard des coûts de la pandémie, c'est faisable", assure Doris Leuthard. "Avec notre approche financière, on peut éviter des surprises inattendues. Mais il faut faire exactement ce qui aura été budgété et pas autre chose".
Propos recueillis par Valérie Hauert/oang
Quatre candidatures en lice
Outre Svizra27, trois autres projets sont sur les rangs pour la prochaine exposition nationale:
- Les dix plus grandes villes suisses ont lancé le projet NEXPO.
- La candidature X-27 prévoit une exposition dans le Parc de l'innovation de Dübendorf à Zurich.
- Muntagna veut mettre les Alpes à l’honneur avec les cantons du Tessin, des Grisons, du Valais, d’Uri et de Berne.
Le Jura comme "pivot" entre deux régions et cultures
Parmi les cinq cantons du projet Svizra27, le Jura peut gagner en visibilité. Ce serait une magnifique vitrine, estime le conseiller aux Etats Charles Juillard, qui est lui aussi membre du jury.
"C'est l'illustration même de ce que le Jura peut présenter depuis un certain temps déjà", a-t-il relevé mercredi dans La Matinale de la RTS. "C'est ce pont entre la Suisse alémanique et la Suisse romande, entre l'Arc jurassien et le Nord-Ouest de la Suisse. Nous jouons ce rôle de pivot entre ces deux cultures et ces deux régions extrêmement importantes pour la Suisse.
Pour l’architecte Pierre de Meuron, qui est l’un des trois membres de la présidence du jury, il est intéressant de voir une part de la Suisse comme un territoire ouvert sur les autres.
"Ce sont des espaces culturels, géographiques, sociaux, où on fait une réflexion sur le futur de la Suisse", a-t-il souligné. Ce n'est pas seulement une réflexion sur soi-même. Au contraire, c'est une ouverture de l'esprit".