Lors des élections cantonales fribourgeoises de dimanche, les Verts sont sortis grands gagnants du scrutin en décrochant 7 sièges supplémentaires pour en compter 13 au Grand Conseil. Ce gain s'est fait au détriment du Parti socialiste qui a perdu 7 fauteuils (21).
Au final, l'équilibre droite-gauche n'a pas bougé, en dépit de mouvements de fauteuils importants. La droite cumulera environ deux tiers des sièges pour la période 2022-2026.
Les Verts qui gagnent, le PS qui perd. Une tendance de fond qui se retrouve au niveau national.
Si l'on observe tous les cantons qui ont renouvelé leur Parlement depuis les élections fédérales de 2019, les socialistes ont perdu en tout 31 sièges, selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique, alors que les écologistes en ont gagné 40.
Mais les Verts et les Vertes ne se sont pas contentés de piquer les sièges aux socialistes, ils se sont aussi servis dans les rangs du PDC, comme par exemple en Valais au début de l'année:
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Mais leur plus grosse réserve d'électeurs reste au Parti socialiste.
Dégringolade du PS due aux écologistes
La dégringolade du PS peut être en bonne partie imputée aux Verts, même si l'élève n'a pas encore dépassé le maître. Les socialistes semblent de plus en plus condamnés à partager le gâteau avec leur partenaire junior.
Notre baromètre électoral, paru mi-octobre, le prouve: les socialistes ne devancent les Verts que de 2,5 points dans les intentions de vote pour les prochaines élections fédérales.
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C'est peu. D'autant plus que depuis le début de l'année, à chaque élection cantonale, les socialistes perdent toujours davantage de sièges.
En vue des élections fédérales de 2023
Pour les élections fédérales de 2023, le camp rose vert devrait se maintenir. Depuis la fin des années 90, il rassemble toujours entre 25 et 30% de l'électorat, sauf que plus les écologistes progressent, plus les socialistes reculent.
De quoi peut-être remettre en question les forces au sein du Conseil fédéral. Si ce genre de scénario se répète le 22 octobre 2023, jour des élections fédérales, les discussions seront vives, d'autant que les Vert'libéraux eux aussi sont un parti dans le vent.
Un des deux conseillers fédéraux socialistes pourrait donc se voir contraint de laisser sa place au tout premier ou à la toute première conseillère fédérale écologiste.
"Une alliance qui fonctionne"
Interrogés dans Forum, les deux présidents des partis concernés ont fait valoir que l'alliance entre leurs formations fonctionne.
Pour Balthasar Glättli, président des Verts suisses, il est "vrai qu'on aurait préféré un résultat où les Verts progressent ensemble avec les socialistes, mais si on regarde le bilan de ces 2 dernières années, on voit que le camp rose-vert progresse. Notre défi maintenant est de mobiliser encore plus les personnes qui ne votent pas".
De son côté, Cédric Wermuth, coprésident du Parti socialiste suisse, a relevé que "les résultats sont mixtes. On a progressé ensemble et fortement en Argovie. A Fribourg, au Conseil d'Etat on a placé les 4 sièges de la gauche dans les 7 premières places, dont 3 socialistes. L'alliance fonctionne mais j'en conviens elle n'a pas fonctionné au Grand Conseil. Maintenant, la question est de savoir comment faire progresser le camp rose-vert pour piquer des sièges au centre".
Muriel Ballaman/lan