"Quand on est confronté à ça, on se fait ouvrir l'esprit au pied de biche", raconte Nicolas, père d'un fils devenu une fille, aujourd'hui âgée de 11 ans. "On avait un enfant très triste, qui était très mal dans son corps, déprimé, les psychologues nous disaient que c'était une phase mais au fond on voyait bien que quelque chose clochait vraiment", ajoute-t-il dans le magazine 15 Minutes.
Coraline * entame sa transition à 4 ans, elle est alors la plus jeune transgenre de Suisse. "Un jour, on lui a montré une vidéo d'un homme devenu femme, on lui a demandé si c'était ça qu'il ressentait, il nous a répondu: "non, je ne veux pas devenir une fille, j'en suis déjà une" et là on a compris que c'était en lui", explique Nicolas. "Ca n'a pas été facile, il a fallu faire le deuil non pas de notre fils mais de la projection que j'avais de lui pour pouvoir accueillir notre fille avec son avenir"
Julien, Genevois de 19 ans, a lui aussi entamé une transition à l'âge de 16 ans, changement de nom et de genre, traitement hormonal et mastectomie.
La transition sociale
Avant de débuter des traitements médicaux, il y a d'abord la transition sociale, le changement de prénom, l'annonce à son entourage. A partir du 1er janvier 2022, le changement de genre à l’Etat civil sera facilité. Il ne sera plus nécessaire de passer par le tribunal pour obtenir le changement de genre sur ses documents d'identité.
L'école s'adapte également, les élèves peuvent choisir de se faire appeler par un prénom féminin ou masculin selon le genre qu'ils auront choisi. Une pratique qui interpelle certains parents.
Rôle de l'école
Frédéric, papa d'une fille de 18 ans, a été stupéfait de recevoir un bulletin scolaire au nom d'un garçon. "C'est grotesque, je dois signer un document pour des retards mais si ma fille décide de changer de nom, personne ne m'en informe. Je crois que l'école ne se rend pas compte qu'en accompagnant cela, elle valide la transition".
Frédéric crée alors l'Association pour une approche mesurée des questionnements de genre chez les jeunes (amqg). Collectif qui dénonce également la facilité avec laquelle les adolescents recevraient des traitements médicaux, notamment hormonaux. Plus de 300 personnes ont signé un appel dans ce sens.
L'association ne nie pas la dysphorie de genre et reconnaît le mal-être que peuvent vivre certains jeunes, mais elle estime qu'il faut d'abord explorer ce mal-être avant de faire un diagnostic trop rapide.
Accompagner sans pour autant promouvoir, le Département genevois de l'instruction publique rappelle le rôle de l'école: "assurer un cadre sécurisé pour tous les élèves, afin qu'ils puissent évoluer dans les meilleures conditions, quelles que soient leurs difficultés". Les pratiques sont en phase d'adaptation, souligne également le DIP. Le sujet est très émotionnel. Il a désormais un volet politique. Le député PLR genevois Jean Romain demande des explications au Conseil d’Etat.
>>Jeunes transgenres: tendance ou libération de la parole? Le débat dans Forum:
*nom d’emprunt
Katia Bitsch/Martine Clerc