Au cours de la nuit d'Halloween, il est deux heures passées lorsque Jeremy (prénom d'emprunt) sort d'une boîte de nuit et perd connaissance. Des passants le retrouvent dans la rue inerte et inconscient. Lorsqu'il se réveille à l'hôpital, Jeremy apprend qu'il a été drogué au GHB et agressé sexuellement.
Ce type d'agression inquiète le monde entier et la Suisse n'est pas épargnée par ce problème, comme en atteste ce témoignage recueilli dimanche par le 19h30.
"Je n'ai pas bu et pas pris de drogue ce jour-là. J’ai un souvenir vague de l'ambulance, d’être très agité, d’être en convulsion, mais je n'ai pas le souvenir d'une sensation, d'un visage, d'un son, rien du tout", raconte le jeune homme, qui porte les traces de son agression au niveau du coude, des genoux et des parties génitales. "Même si tu n'as aucun souvenir de ce qu'il s'est passé, le corps s’en souvient", ajoute-t-il, choqué et traumatisé.
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Une drogue difficile à détecter
Le GHB, ou gamma-hydroxybutyrate, est surnommé la "drogue du violeur". Le principal symptôme de ce psychotrope est l’état confusionnel voire amnésiant. Il disparaît rapidement dans l’organisme et les laboratoires toxicologiques n’ont que quelques heures pour le détecter.
"Dans les urines, la fenêtre de détection se situe de six à douze heures", confirme le responsable du laboratoire de toxicologie des HUG Pierre Lescuyer. Mais les difficultés ne s’arrêtent pas là, car pour détecter le GHB, une technique spécifique est nécessaire et donc si la substance n'est pas spécifiquement recherchée, elle n'est pas trouvée.
Aux HUG, seule une vingtaine de demandes d’analyses toxicologiques sont recensées par année. Aux CHUV, il y en a entre 10 et 15. Ainsi, le nombre de résultats positifs est encore faible.
Pour Brigit Gartner, médecin adjointe au service des urgences aux HUG, "il faut absolument consulter si on a un doute sur une éventuelle agression ou une consommation qui a été faite à notre propre insu". D'autant plus que d'autres substances ou médicaments ayant des effets similaires au GHB peuvent parfois être utilisés.
Porter plainte: une deuxième violence
Si le phénomène est difficilement quantifiable, l’inquiétude est bien présente dans le monde de la nuit. En Suisse romande comme à l’étranger, les échos d’agressions au GHB sont nombreux et les bars et clubs se mobilisent et multiplient les messages de prévention.
C'est par exemple le cas d'un nouveau club genevois où des bénévoles ont été recrutés pour aider celles et ceux qui en auraient besoin. Cette présence est bienvenue, notamment pour les jeunes qui ont suivi ces histoires d’agressions sur les réseaux sociaux.
Dans ce contexte, la police est bien trop souvent mise à l’écart et appelle à déposer plainte en cas de soupçon. Pour Jeremy, "discuter parfois de ça, c’est une violence que les victimes reçoivent en plus d’avoir été agressées. Il faut porter plainte et faire des démarches". Mais bien que la déposition soit difficile, elle reste nécessaire pour prendre en charge les victimes.
Sujet TV: Sarah Jelassi et Hélène Joaquim
Adaptation web: Andreia Portinha Saraiva