Les deux responsables se sont rencontrés pour la première fois depuis que Maros Sefcovic a été désigné pour prendre en main le dossier des relations entre Bruxelles et Berne.
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L'Union européenne est prête à engager un dialogue politique intensif avec la Suisse, a déclaré Maros Sefcovic lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre. Pour lui, il s'agit désormais d'établir ensemble une feuille de route avec des directives temporelles claires. Mais il faut agir vite. 2024 est trop tard, a estimé le commissaire européen. Du côté suisse, on dit toujours que la politique européenne ne sera poursuivie qu'après les élections fédérales de l'automne 2023.
Il faut maintenant instaurer un climat de confiance, a souligné Maros Sefcovic. L'UE attend de la Suisse une volonté politique claire de se pencher sur les questions institutionnelles telles que l'adoption du droit de l'UE et le règlement des différends. Elle fera le point lors du Forum économique de Davos à la mi-janvier 2022 et verra si la Suisse a cette volonté politique, a annoncé le négociateur européen.
Horizon Europe: l'UE veut "réfléchir"
Sur le plan de la pleine participation de la Suisse au programme de recherche "Horizon Europe", Maros Sefcovic a indiqué que l'UE a maintenant besoin de temps pour réfléchir à la manière de procéder (lire encadré). Elle tiendra compte de l'ensemble de la situation Suisse-UE dans sa réflexion.
Le commissaire européen dit avoir pris note du fait que le Parlement suisse a libéré sans condition le milliard de cohésion. Il en a toutefois profité pour rappeler que l'UE attend de la Suisse des paiements réguliers de cohésion à l'avenir.
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La Suisse avec deux preuves de bonne volonté
Ignazio Cassis s'était rendu à Bruxelles avec deux arguments pour montrer la bonne volonté de la Suisse: le milliard de cohésion débloqué récemment par les Chambres fédérales et la levée des restrictions à la libre circulation des personnes pour la Croatie à partir de 2022.
En contrepartie, Ignazio Cassis espérait un signe positif de la part de l'UE, car les fronts se sont passablement durcis. Il n'entendait toutefois pas poser d'exigences afin de mettre fin à la spirale négative qui plombe la relation entre Berne et Bruxelles.
ats/oang/vic
Inquiétude des universités et des EPF
La Suisse, reléguée au statut d’Etat tiers dans le programme européen Horizon Europe, pourrait perdre des millions de francs dans la recherche et la gouvernance de projets. Les responsables redoutent aussi un exode des cerveaux et d'entreprises prometteuses.
Pour pallier ce manque, "nous allons bien sûr développer la coopération avec les Etats-Unis et la Chine, mais le lieu naturel de collaboration pour nos chercheurs reste l'Europe, a déclaré dans une interview au Temps Yves Flückiger, président de Swissuniversities et recteur de l'Université de Genève. D'autant plus qu'Horizon Europe est le plus grand programme de collaboration scientifique du monde".
Risque de fuite des cerveaux
Le risque d'un exode de cerveaux est "plus élevé qu’auparavant, même s'il est impossible de le quantifier. A l'EPFL, nous avons une vingtaine de superstars. Si nous en perdons deux, c'est déjà grave. Cela se sait vite et notre réputation en pâtit, c'est évident", a ajouté Michael Hengartner, président du Conseil des EPF.
"Le Conseil fédéral injecte des centaines de millions de francs pour pallier le manque du financement européen. Cela peut aussi être un atout (...). Mais tout compte fait, je préférerais que la Suisse soit associée pleinement à Horizon Europe", expliqué le président du Conseil des EPF.
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