"Nous sommes inquiets car nous partons tous d'ici en étant très insatisfaits. Plusieurs des compromis présentés aujourd'hui sont clairement très éloignés du meilleur dénominateur commun possible": le discours et la colère de Simonetta Sommaruga à l'issue de la COP26 auront fait le tour de la planète. Une charge ponctuée de 30 secondes d'applaudissements que le président de la conférence a eu bien du mal à interrompre.
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Interrogée dans le 19h30 de la RTS lundi, la conseillère fédérale est revenue sur les tout derniers instants de la conférence. "C'était vraiment à la dernière minute que la Chine et l'Inde ont demandé un changement de texte, qui pour la première fois indiquait qu'on allait sortir du charbon et arrêter avec les subventions pour le charbon, le pétrole et le gaz. On a affaibli le texte. J'étais très fâchée", a confié Simonetta Sommaruga.
Priés de ne pas laisser tout tomber
Elle raconte ensuite que l'émissaire américain pour le climat John Kerry et d'autres personnes, notamment le président de la COP, ont expressément prié la délégation de pays menée par la cheffe du DETEC de "ne pas laisser tomber le tout".
Après, il a fallu peser un peu le pour et le contre. "Est-ce que la Suisse, ensemble avec le Japon et la Corée du Sud, laisse tomber tout ça? C'était difficile", relève encore la conseillère fédérale.
La Suisse et le groupe de pays dont elle était la représentante, finalement, ne s'opposeront pas à l'accord. "Dans l'ensemble, il y a quand même des points positifs. C'est la raison pour laquelle à la fin, on n'a pas voulu laisser tout tomber à cause de cet affaiblissement du texte", justifie Simonetta Sommaruga.
Il fallait peser les choses. Est-ce que la Suisse, ensemble avec le Japon et la Corée du Sud, laisse tomber tout ça? C'était difficile
"La Suisse a pris un peu de retard, c'est dommage"
A ses yeux, malgré le récent refus par la population de la loi sur le CO2, la Suisse n'est pas au point mort dans ses efforts de lutte contre le réchauffement climatique.
"C'est vrai, après le non, la Suisse a pris un peu de retard, c'est dommage. Mais il faut aller de l'avant. C'est pourquoi je vais présenter à la fin de cette année une nouvelle loi sur le CO2", a-t-elle rappelé. Une nouvelle loi qui cherchera, dit-elle, à soutenir la population plutôt qu'à la pénaliser.
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Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web: Vincent Cherpillod