Le soutien aux soins infirmiers s'effrite, celui à la loi Covid reste stable, selon le 2e sondage SSR
Si les votations avaient eu lieu le 7 novembre, l'initiative "Pour des soins infirmiers forts" auraient été acceptée haut la main, à 67%, selon l'enquête de gfs.bern mandatée par la SSR. Un résultat toutefois marqué par une chute de 11 points de pourcentage par rapport au première sondage, publié il y a près d'un mois. Les opposants ont, eux, gagné 12 points et représentent 27%.
Concernant la modification de la loi Covid-19, c'est le statu quo: le oui se maintient à plus de 60%. Le non a grignoté deux petits points aux indécis, pour atteindre 38%. Une forte polarisation sépare les deux camps et s'exprime à travers le statut vaccinal, la confiance dans le Conseil fédéral et l'attachement à un parti.
Troisième objet en votation, l'initiative sur la justice bascule désormais dans le camp du non, à 50% contre 41% de oui. L'indécision demeure toutefois marquée, puisque près d'une personne sondée sur 10 ne s'est pas encore forgée une opinion claire.
Les soins infirmiers refusés par le camp PLR
L'initiative "Pour des soins infirmiers forts" obtient le soutien de tous les bords politiques, sauf du PLR. Dans ce camp, la tendance s'est totalement inversée depuis le premier sondage. D'un oui à 57%, les sympathisants libéraux-radicaux ont basculé vers un non à 55%.
Les votants socialistes et écologistes affichent toujours la plus forte conviction, suivis de ceux des Vert'libéraux, du Centre et de l'UDC. Si le oui s'effrite dans tous ces groupes, la part d'indécis reste relativement élevée, notamment du côté Vert'libéral et de l'UDC.
Par ailleurs, une légère différence ressort entre les hommes et les femmes. Le soutien est en effet plus affirmé chez les sondées qui sont plus de 70% à vouloir glisser un oui dans les urnes. Leurs homologues masculins se montrent plus critiques, même s'ils sont encore 65% à soutenir le texte.
Les arguments pour les soins infirmiers plus convaincants
Les arguments en faveur de l'initiative apparaissent comme les plus convaincants, selon les résultats de l'enquête. Neuf sondés sur dix s'inquiètent de la pénurie du personnel soignant et estiment que les conditions de travail doivent être améliorées afin de retenir ces personnes.
Plus de 80% pensent que la pression s'est accrue avec la crise sanitaire et plaident pour plus que de simples applaudissements. En outre, une large majorité est d'avis que des investissements dans la formation du personnel infirmier sont "inévitables".
Les arguments opposés au texte convainquent moins. Au total, 55% des personnes questionnées jugent que les salaires et les conditions de travail ne devraient pas être réglementés par la Confédération, comme le demande l'initiative.
La moitié de l'échantillon se dit satisfaite de la proposition du Parlement d'injecter un milliard de francs dans la promotion des soins, or les initiants prévoient une enveloppe plus généreuse. Enfin, un quart pense que la situation en Suisse est bonne en l'état et qu'il n'y a aucune raison d'en faire davantage.
Les fronts se durcissent autour de la loi Covid
A moins de deux semaines de la votation, les partisans de la modification de la loi Covid-19 parviennent à conserver une avance stable et confortable. Cette stabilité s'accompagne toutefois d'une forte polarisation au sein des différents groupes.
Une polarisation qui s'observe surtout entre les personnes vaccinées et les non vaccinées. Le fossé entre les deux camps s'est d'ailleurs renforcé ces dernières semaines: la première catégorie défend la modification de loi à 84%, alors que la seconde s'y oppose à plus de 90%.
Parmi les sondés désirant encore obtenir les injections, seul un tiers compte glisser un oui dans les urnes le 28 novembre. Notons également le groupe qui ne souhaite pas préciser de statut vaccinal et dont les trois quarts des membres balaient la modification de loi.
L'enquête montre aussi une nette corrélation entre la prise de position sur la modification de loi et la confiance envers le Conseil fédéral. Ici aussi, les fronts se durcissent: le camp des méfiants rejettent largement le projet (80%), alors que la tendance s'inverse chez celles et ceux qui disent faire confiance aux autorités.
L'UDC, seule contre tous
La modification de la loi Covid-19 fait la quasi-unanimité sur l'échiquier politique. Et, ici aussi, les fronts se sont durcis depuis la première enquête. Le oui affiche un taux proche de 80% chez les sympathisants des Verts et chez ceux du PLR. Il atteint même les 90% du côté socialiste. Une tendance complètement inverse chez les votants de l'UDC qui sont trois quarts à plaider pour le non.
Des nuances s'observent également entre les différentes classes d'âges. Le soutien au texte s'affiche plus nettement chez les retraités, dont le oui s'est renforcé (+11 points). Les catégories plus jeunes se disent moins convaincues, même si elles penchent toujours majoritairement en faveur d'une modification de la loi.
Incertitude autour les juges fédéraux
Contrairement aux deux autres objets, une certaine incertitude règne autour de l'initiative sur la justice. Près de 10% des sondés se disent encore indécis. Une incertitude qui ressort également au niveau partisan.
Seules les personnes ayant des affinités avec les Verts souhaitent instaurer le tirage au sort comme nouvelle procédure de désignation des juges fédéraux. Mais rien n'est joué au sein de cette catégorie qui compte encore 8% d'indécis.
Tous les autres bords politiques se dirigent vers un refus, plus ou moins marqué. Les plus farouches opposants appartiennent au PLR, suivi de ceux affiliés au Centre et des Vert'libéraux.
Comme pour la modification de la loi Covid-19, un lien existe entre la confiance accordée au gouvernement et l'opinion sur le tirage au sort des juges fédéraux. Les personnes critiques envers le Conseil fédéral acceptent cette nouvelle procédure à plus de 50%, tandis que celles qui ont confiance dans les autorités la refusent.
On notera enfin une disparité entre les régions linguistiques, notamment la Suisse italienne, qui se démarque par rapport au reste du pays avec un oui à cette initiative.
Mathieu Henderson
Graphes: Marc Renfer
Méthode
Cette deuxième enquête SSR sur les votations du 28 novembre 2021 a été réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 3 et le 11 novembre 2021 auprès de 23’997 titulaires du droit de vote (par téléphone et en ligne). La marge d’erreur statistique est de +/- 2.8 points de pourcentage.