Interrogé lundi dans l'émission "On en parle", Luigi Schiraldi, chirurgien plasticien au Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV), explique recevoir de plus en plus de patients et patientes ayant choisi de se faire opérer à l'étranger et rencontrant des complications.
Ces cas concernent des opérations de chirurgie esthétique mais aussi des actes de médecine esthétique comme des injections ou nécessitant le recours à des machines spécifiques. Elles sont parfois réalisées illégalement en Suisse.
Luigi Schiradi rappelle que ces gestes, qui peuvent paraître faciles à réaliser, doivent impérativement être effectués par des médecins. Dans les cas les plus graves, les injections peuvent occasionner la nécrose de la peau ou la cécité.
Se faire opérer à l'étranger
Quant à la chirurgie, si celle-ci est réalisée à l'étranger dans les mêmes conditions qu'en Suisse, avec un chirurgien tout aussi expérimenté et dans un milieu hospitalier sûr, Luigi Schiraldi n'y voit a priori pas d'inconvénient.
En revanche, il faut être conscient que le chirurgien ne va pas pouvoir passer autant de temps avec le ou la patiente avant l'intervention, ce qui peut engendrer des mécontentements quant au résultat obtenu, mais aussi après.
En effet, il est difficile d'organiser un suivi toutes les semaines ou toutes les deux semaines comme il serait normalement d'usage pour une opération en Suisse. Certaines complications peuvent ainsi sembler bénignes par consultation virtuelle mais s'avérer bien plus graves.
En cas de complications
Le chirurgien invite les patients et patientes ayant été opérés à l'étranger à ne pas avoir honte de venir ensuite consulter en Suisse en cas de doute sur l'évolution d'une opération.
Il rappelle que les soins d'une maladie causée par un acte chirurgical, même esthétique et effectué à l'étranger, est pris en charge par l'assurance maladie. C'est le cas d'un hématome ou d'une infection. En revanche, si la personne est seulement mécontente du résultat obtenu, cela n'est pas pris en charge.
Suite à un acte médical, esthétique ou non, un patient peut avoir recours à de la chirurgie réparatrice afin de réparer des dégâts subis lors d'une intervention. Il faut cependant en parler préalablement avec son chirurgien afin de déterminer si celle-ci peut être prise en charge par l'assurance.
Quid des tarifs?
En 2017, une enquête diffusée dans l'émission On en parle révélait que les tarifs de chirurgie esthétique pratiqués à l'étranger coûtent environ deux fois moins cher qu'en Suisse. Pour Luigi Schiradi, à compétences égales, un chirurgien suisse et un chirurgien exerçant à l'étranger pratiquent des tarifs sensiblement similaires.
Il met en garde contre les chirurgiens affichant des tarifs très bas qui seraient pour lui synonyme de mauvaise prise en charge. Il invite les patients et patientes à toujours consulter un practicien proche de chez eux avant de prendre leur décision.
Il est alors possible d'en parler directement avec cette personne si on souhaite se faire opérer à l'étranger et celle-ci pourra même conseiller un bon chirurgien à l'étranger.
Meili Gernet / Loïc Delacour