Un père de famille en grève de la faim à Berne pour dénoncer l'inaction face à l'urgence climatique
En ce jour de marché aux oignons à Berne, la présence de cet homme, assis sur une chaise au milieu de la Place fédérale, intrigue les passantes et les passants: "J'ai fait une petite coche, comme les prisonniers: je compte", commente-t-il dans le 19h30.
Guillermo Fernandez prend des vitamines le matin: "Du thé avec du citron et du sel. Le sel c'est très important", affirme-t-il.
Un déclic avec le rapport du GIEC
Ce Fribourgeois, père de trois enfants, a entamé une grève de la faim le 1er novembre, quelques mois après avoir eu un déclic: "Le 9 août, anniversaire de ma fille, je lis le rapport du GIEC publié ce jour-là et je suis pris d'une vraie terreur", souligne Guillermo Fernandez.
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"C'est un avenir intolérable pour moi en tant que père. Et donc, j'ai décidé de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour dévier le futur qu'on est en train de nous donner". Sur son compte Facebook, en date du 17 novembre, il partage un document titré "Pourquoi les jeunes parlent d'urgence climatique? Spoiler: essentiellement parce qu'ils savent lire".
Une formation pour l'Assemblée fédérale
Lui qui n'avait jamais été impliqué politiquement auparavant, qui n'avait même jamais participé à des manifestations pour le climat, a choisi une méthode radicale.
Il s'est fixé comme but de demander à l'Assemblée fédérale qu'elle suive une formation sur l'urgence climatique et écologique donnée par des scientifiques du GIEC, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, de l'IPBES, la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, ainsi que de l'OMM, l'organisation météorologique mondiale. Il a du reste initié une pétition sur internet allant dans ce sens.
Il a pu glisser sa requête à plusieurs parlementaires ces derniers jours. Même la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga est venue le rencontrer. Et ce week-end encore, le prix Nobel Jacques Dubochet était à ses côtés.
Pour l'heure, aucune réaction politique n'a suivi son action. Mais Guillermo Fernandez tient bon. Il se dit prêt à mourir: "Ne rien faire c'est être complice de la catastrophe qui vient. Et, quoi qu'il arrive, pour mes enfants, j'aurai été du côté de ceux qui se sont battus pour l'éviter. Et c'est le plus bel héritage que je peux leur laisser à ce stade, de toute façon."
Il partage son combat sur une page Facebook au nom évocateur, "Je suis un Papa Terrorisé", et sur une page internet, #PapaOnHungerStrike, "papa en grève de la faim" en anglais, où il partage une lettre ouverte à "ses concitoyennes et concitoyens".
Jeudi 25 novembre, Guillermo fêtera ses 47 ans avec treize kilos en moins, mais avec un espoir et un courage intacts.
Sujet TV: Valérie Gillioz
Version web: Stéphanie Jaquet