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Les besoins et les habitudes nutritionnels évoluent avec l'âge

Enjeux de l’alimentation et autonomie des seniors: interview de Camille Aglione (vidéo)
Enjeux de l’alimentation et autonomie des seniors: interview de Camille Aglione (vidéo) / L'invité-e d'actualité / 8 min. / le 23 novembre 2021
Comment adapter sa nourriture au grand âge? Quels sont les besoins spécifiques? Ou encore comment continuer de se préparer des repas équilibrés lorsqu'on vit seul? Le spécialiste Camille-Angelo Aglione se penche sur ces enjeux.

Face à ces questions, la ville de Neuchâtel, par exemple, organise des ateliers sur l'alimentation avec une diététicienne. Ils cartonnent à tel point qu'il a fallu en rajouter.

L'occasion également de rappeler que pour contrer le manque d'appétit, on peut aussi essayer de manger en compagnie, grâce à différentes initiatives associatives, comme s'en félicite Brigitte Brun, déléguée aux personnes âgées et à la promotion de la santé à la Ville de Neuchâtel, interrogée dans La Matinale de la RTS.

Santé physique et mentale

"L'enjeu n'est pas seulement au niveau de la santé physique, mais aussi de la santé mentale", a renchéri Camille-Angelo Aglione, membre de la direction de la fondation d'EMS Beau-Site à Montreux (VD). "Se faire à manger, c'est à la fois se faire du bien par ce que l'on mange, mais c'est aussi se faire du bien parce qu'on partage. C'est avoir une activité sociale qui commence déjà au moment où on élabore la recette".

Pour garder cette envie, si l'on ne peut plus recevoir du monde chez soi, on peut être dans le partage de recettes. "On peut par exemple partager des recettes avec ses voisins ou avec des commerçants", suggère le spécialiste.

Mais on peut aussi partager en allant manger, avec le principe des tables d'hôtes, proposées par Pro Senectute, ou le projet Tavolata, organisé au niveau national, poursuit Camille-Angelo Aglione.

En compagnie, on mange davantage

On mange davantage quand on mange avec quelqu'un, relève le spécialiste. "Et quand on fait à manger pour partager le repas avec quelqu'un, on va avoir une application et une implication différente. Manger avec quelqu'un, c'est déjà le plaisir de se faire à manger et de partager le repas".

L'appétit a tendance à diminuer avec l'âge, ce qui peut être lié à la médication, note-t-il. Mais les besoins en calories restent identiques. Il faut donc trouver des astuces pour consommer tout autant de calories qu'avant. Pour ce faire, on peut par exemple fractionner les repas, en mangeant plusieurs collations dans la journée, détaille Camille-Angelo Aglione.

Et on peut privilégier par exemple la viande par rapport à certains autres apports caloriques, car elle permet d'amener ce qu'il faut avec une plus petite portion.

Cuisine moléculaire pour les EMS

Les repas en bouillie ou mixés sont maintenant remplacés par une véritable cuisine moléculaire pour les seniors, explique le spécialiste. On aura par exemple du riz avec une texture modifiée, destiné à des personnes qui ont de la peine à avaler.

Pour la nourriture en établissements médico-sociaux (EMS), on doit aussi rentrer dans la culture et les habitudes d'une génération précédente, voire de deux générations précédentes. "Il y a 50 ans, en hiver en Suisse, on mangeait de la soupe et on ne se posait pas de question. Aujourd'hui en EMS, on sert encore de la soupe une fois, voire deux fois par jour. Qui sait, dans 20 ans, on mangera peut-être des sushis et sans doute végane en EMS".

Dans ces établissements, on invite aussi les résidents à cuisiner eux-mêmes, relate Camille-Angelo Aglione. "Parfois c'est le repas du soir, parfois un repas spécifique, comme un repas d'anniversaire ou avec quelques proches. On peut aussi sortir pour aller manger dans un endroit qui nous tient à coeur".

Interview radio: Valérie Hauert

Adaptation web: Jean-Philippe Rutz     

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