D'octobre à fin septembre, 4,41 millions d'hectolitres ont été écoulés sur le marché helvétique, soit 4,9% de moins qu'un an plus tôt, ce qui correspond à plus de 68 millions de bières "pressions", et même 100 millions en moins par rapport à 2018/2019, signale l'Association suisse des brasseries (ASB) mardi dans un communiqué.
L'érosion du marché concerne tant la production indigène que les bières importées. Maigre consolation, les ventes de bière sans alcool ont connu une croissance de plus de 13% et leur part se situe désormais à 5%, contre seulement 4,2% un an plus tôt.
La restauration en berne
Pendant l'année sous revue, la part des ventes réalisées dans la restauration a été rabotée à 24%, contre 30% en 2019/2020, au profit du commerce de détail. Cette évolution est à mettre sur le compte des mesures anti-Covid mises en place par le gouvernement dès octobre 2020, explique l'ASB, rappelant que la consommation dans les établissements publics n'a pu reprendre qu'à partir de fin mai.
Une dizaine d'années plus tôt, la proportion entre les deux canaux de distribution était encore équilibrée, a relevé le patron de l'association Marcel Kreber, à l'occasion de sa présentation aux médias dans les locaux de LägereBräu à Wettingen, dans la banlieue de Baden.
Pour faire bonne mesure, les conditions météorologiques ont été particulièrement défavorables. La faîtière souligne que la Suisse a connu en 2021 le printemps le plus froid des 30 dernières années, et qu'en raison des intempéries de juin et juillet, nombre d'occasions propices à la consommation sont littéralement "tombées à l'eau".
Les perspectives pour le millésime 2021/2022 ne sont guère meilleures. Avec l'arrivée de la saison froide, les opportunités que représentent les évènements sportifs et culturels se sont raréfiées depuis l'éclatement de la crise et ceux-ci sont généralement moins fréquentés. Un nouveau confinement sonnerait le glas de nombre de brasseries, prévient l'ASB.
Des faillites évitées
"La situation financières des brasseurs est très tendue: après 18 mois de crise, nombre d'entre eux ont épuisé leurs réserves", a indiqué Marcel Kreber. La plupart ont eu recours aux aides publiques, en particulier le chômage partiel, et certains ont dû solliciter des aides pour cas de rigueur, mais "aucun de nos membres n'a fait faillite, à ma connaissance", a-t-il assuré.
Revenant sur les difficultés liées aux chaînes logistiques, le patron de l'ASB a indiqué que "beaucoup de brasseurs ont conclu avec leurs fournisseurs des contrats d'approvisionnement sur le long terme". Interrogé sur d'éventuelles hausses de prix, il a répondu qu'il incombera aux différents types d'exploitation de faire une pesée d'intérêts par rapport à d'éventuelles pertes de parts de marché.
La pandémie a été l'occasion pour nombre de brasseries d'améliorer leur présence en ligne, mais ce canal de distribution reste pour l'heure marginal, en raison notamment des contraintes logistiques élevées pour des quantités relativement modestes.
"En tant qu'acteur de l'industrie alimentaire, le secteur brassicole fournit des biens de première nécessité", a rappelé le président de l'ASB, Nicolo Paganini, soulignant que le principal problème auquel est actuellement confrontée la branche est la raréfaction des opportunités de consommer de la bière, bien plus que la difficulté à s'en procurer.
ats/iar