La grande difficulté réside dans l'obtention du premier rendez-vous. Il faut savoir en premier lieu vers qui se tourner et trouver un ou une médecin acceptant de nouveaux patients. Plusieurs appels doivent ensuite être passés pour décrocher un rendez-vous.
Selon une enquête de la Fédération romande des consommateurs (FRC), une quinzaine de coups de fil sont nécessaires en zone urbaine pour réussir à être pris en charge. A Fribourg, cela monte jusqu'à trente appels.
Ce chiffre est moins élevé en région rurale, avec en moyenne trois ou quatre téléphones à passer. Il y a toutefois moins de cabinets dans ces zones et une partie de la demande se reporte automatiquement vers les villes les plus proches.
Un taux de refus important
Même lorsque les personnes s'arment de patience, elles n'obtiennent un premier rendez-vous qu'une fois sur deux dans le meilleur des cas, rapporte la FRC. Le taux de refus de nouveaux patients et patientes est de 50% dans les régions rurales. En zone urbaine, la patientèle est refusée une fois sur trois. Le refus s'élève même à 75% à Yverdon-les-Bains.
Et lorsqu'un rendez-vous est enfin fixé, une prise en charge idéale n'est pas encore garantie. Les cabinets avertissent par exemple que leurs médecins ne travaillent qu'à temps partiel et qu'il n’est pas certain qu’ils puissent traiter la demande de consultation ou même l’urgence.
Pas assez de généralistes
La FRC pointe du doigt un problème connu: la Suisse compte trop de médecins spécialistes et pas assez de généralistes. Cela fragilise tout le système de santé, car les généralistes ont justement un rôle d'aiguillage.
La fédération recommande ainsi de faire davantage appel aux pharmacies, de créer plus de cabinets collectifs et de donner envie aux étudiants et étudiantes de se tourner vers la médecine de premier recours.
Les résultats de cette enquête paraissent jeudi dans la Lettre FRC, une "newsletter" de la fédération ouverte également aux non-membres.
Alexandra Richard/iar
"Nous avons été surpris par le résultat à Fribourg", souligne la FRC
"Nous avons été surpris par le résultat à Fribourg. Pour le reste, c'était assez conforme à nos attentes", a relevé Yannis Papadaniel, responsable santé à la Fédération romande des consommateurs (FRC), interrogé jeudi dans La Matinale de la RTS.
Pour la FRC, il semblait extrêmement important de pouvoir chiffrer le nombre d'appels nécessaires. "Parce qu'on connaît bien la pénurie. Par contre, on connaît moins bien toutes les peines endurées par les personnes qui cherchent un nouveau généraliste. Elles ne sont pas documentées", explique Yannis Papadaniel.
Et une fois que l'on accède à un généraliste, il n'est pas encore garanti que la prise en charge sera idéale. "Le temps que les généralistes peuvent mettre à disposition a tendance à diminuer", note le spécialiste de la FRC. "Souvent, la première consultation ne peut pas avoir lieu avant quelque temps. Et on vous prévient également qu'en cas d'urgence, le cabinet ne sera pas nécessairement disponible".
Patients forcés de se rabattre sur les services d'urgence
Les patients doivent alors se rabattre soit sur un médecin de garde, soit sur un service d'urgence. "Or, généralement, quand on cherche un médecin de famille, c'est précisément, d'une part, pour pouvoir éviter d'aller participer à boucher les services d'urgence, et d'autre part pour pouvoir se référer à quelqu'un que l'on connaît, qui connaît votre parcours de santé et qui peut aussi apporter une réponse circonstanciée".
Pour Yannis Papadaniel, les médecins généralistes sont, à long terme, ceux qui peuvent avoir une vision globale. "Et cette vision globale est extrêmement importante, selon les cas de figure, en particulier lorsqu'on commence à développer des maladies chroniques. Ils peuvent vraiment jouer le rôle d'aiguilleurs".
Rémunération inéquitable entre spécialistes et généralistes
Selon lui, si on manque de généralistes, ou si on en trouve un mais que le contact avec lui ne passe pas, présente des risques évidents de santé publique. Le décalage dans les rémunérations entre spécialistes et généralistes est toujours très important, malgré une petite revalorisation salariale pour les généralistes, soulève aussi Yannis Papadaniel. "Le rôle social du généraliste est aussi très important", insiste-t-il. Et ce rôle social est peu valorisé et peu compris, à ses yeux.
Un recours accru aux pharmaciens pourrait aussi contribuer à faire des économies et à désengorger les cabinets qui sont trop pleins, souligne le spécialiste de la FRC.