"On a 50 Tolochenaz potentiels en Suisse", avertit le directeur des CFF Vincent Ducrot
"Si on fait une analyse des risques, on a 50 Tolochenaz potentiels dans ce pays." Le directeur des CFF Vincent Ducrot relativise, jeudi dans Forum, l'interruption de la ligne Lausanne-Genève pendant quinze jours, en raison d'un affaissement de terrain à Tolochenaz (VD), et dont le retour à la normal est prévu samedi (lire encadré).
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"Il ne faut pas du tout imaginer que c'est uniquement entre Lausanne et Genève qu'on a un tel risque, prévient-il. A Wankdorf, à Berne, passe près de 40% de notre trafic ferroviaire. Si quelqu'un arrache la ligne de contact, le trafic serait aussi interrompu pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours."
Pour Vincent Ducrot, des moyens "sont nécessaires". "Il y a un processus politique qui est en cours, qui doit amener les politiques à déterminer en 2026 quel sera le futur du réseau ferroviaire et quels seront les objets prioritaires. (...) Ce n'est pas du tout à moi de participer à ce débat", estime-t-il.
Améliorer la ponctualité
Les CFF ont présenté jeudi leur stratégie 2030 devant les médias à Berne. Ils veulent d'abord assurer la robustesse du système ferroviaire et maîtriser la situation financière (lire ci-dessous). La ponctualité est certes bonne mais "volatile", ce à quoi contribuent les 150 chantiers de l'année en cours. Pour ce faire, les CFF veulent utiliser des moyens technologiques pour réguler le trafic en temps réel.
Du matériel roulant supplémentaire doit en outre être mis en service, une étape que les CFF veulent maîtriser d'ici 2025. L'horaire cadencé, qui a fait ses preuves et rend le train plus attractif par rapport au trafic individuel motorisé, reste la base.
Plus de flexibilité
La crise du Covid-19 a révélé un besoin de plus de flexibilité. Le comportement des voyageurs devient également plus imprévisible et les CFF doivent s'adapter au télétravail.
Concrètement, les horaires et les prestations ne seront pas les mêmes pour les voyageurs du week-end que pour les travailleurs pendulaires en semaine. Et les aires de stationnement pour voitures ou vélos à la demande vont se faire plus vastes et plus nombreuses autour des gares.
Parallèlement, les chemins de fer misent sur un nouveau système tarifaire. Celui-ci doit être simplifié. L'organisation sectorielle Alliance Swiss Pass travaille actuellement sur des propositions qui devraient être disponibles d'ici fin 2022. Les CFF veulent aussi mieux informer la clientèle en cas de perturbation, "l'un de nos points faibles" aujourd'hui, selon Vincent Ducrot.
Attrait grandissant pour le rail
Selon les prévisions de la Confédération, la mobilité continuera d'augmenter, notamment grâce à l'appétit de certains passagers pour des voyages respectueux du climat.
L'année record 2019, avec une croissance de 6% du nombre de passagers, a montré que la question du climat est devenue plus importante pour le choix du moyen de transport. Les CFF pourraient ainsi gagner du terrain dans la répartition modale.
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vajo avec ats
Retour à l'horaire normal sur la ligne Lausanne-Genève
Dès samedi, l’entier de l’horaire habituel sera assuré sur la ligne Lausanne-Genève, y compris en trafic régional, ont annoncé jeudi les CFF. Les travaux s'effectuent désormais parallèlement au trafic, à l'aide de deux équipes de dix personnes qui se relaient.
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Après l'affaissement survenu en début de soirée le 9 novembre, le sous-sol sous le remblai ferroviaire a dû être durablement stabilisé avant que les trains puissent circuler normalement. Une première série de forages et d'injections de ciment a débuté la semaine du 15 novembre côté Jura, puis côté Lac durant la semaine du 22 novembre.
Ces opérations ont permis d’élever peu à peu les vitesses des trains et d’augmenter la capacité de la ligne. Les trains ont ainsi circulé à 20 km/h, puis à 50 km/h sur la zone endommagée.
Situation financière très tendue
Les CFF se trouvent actuellement dans une situation difficile. En raison de la pandémie, ils ont enregistré un déficit record de 617 millions de francs en 2020. Au premier semestre 2021, la perte s'élève à près de 390 millions de francs.
Selon le directeur des CFF Vincent Ducrot, des discussions sont en cours avec le propriétaire, la Confédération, au sujet du financement. Comme il s'agit ici de moyens à long terme, les évaluations seront effectuées de manière approfondie.
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Développer l'international
Des liaisons longue distance rapides destinées au transport de voyageurs et de marchandises et dans les agglomérations figurent parmi les développements prévus.
"Nous avons aussi assez de potentiel pour croître en lien avec l'international", estimé le directeur des CFF Vincent Ducrot, "avec des offres de jour comme de nuit, notamment avec l'Allemagne et la France".
L'entreprise veut aussi développer la logistique urbaine pour le transport de marchandises, grâce notamment à des terminaux urbains.