Invitée lundi de La Matinale de la RTS au côté du médecin Laurent Kaiser, la conseillère d'Etat vaudoise Rebecca Ruiz a dit son "immense" soulagement face au résultat de la votation sur la loi Covid. "Le certificat Covid est le seul outil que l'on a pour pouvoir gérer cette pandémie tout en ayant des activités plus ou moins normales dans un contexte épidémique qui évolue de manière négative", a-t-elle rappelé.
Et ce feu vert en votation est un signal clair en faveur de nouvelles mesures. Dès mardi, le Parlement va discuter du prolongement des aides économiques et le vote du peuple lui indique la voie à suivre.
De nouvelles décisions en mains du Conseil fédéral
Le Conseil fédéral, lui, est attendu sur les questions sanitaires, alors que plus de 8000 nouveaux cas et une centaine d'hospitalisations ont été annoncés vendredi. A l'exception de l'UDC Marco Chiesa, les présidents de partis demandent maintenant une action rapide du gouvernement contre la pandémie. C'est d'ailleurs la volonté d'une majorité des Suissesses et des Suisses: 65% souhaitent une action, selon un sondage publié dimanche par le Blick.
"On est toutes et tous, et tous les échelons institutionnels, confrontés à cette pandémie", rappelle Rebecca Ruiz, qui insiste sur la collaboration étroite entre cantons et Confédération. Alors que le Conseil fédéral a laissé ces derniers temps la main aux cantons, la ministre vaudoise de la Santé reconnaît que l'on est actuellement "dans une phase un peu floue".
Les gens veulent des mesures mais sont fatiguésRebecca Ruiz, conseillère d'Etat vaudoise
"Les gens veulent des mesures supplémentaires, mais on est aussi dans une situation où les gens sont fatigués, aspirent à davantage de liberté, à revenir une fois pour toutes à la normale", constate Rebecca Ruiz. "Et nous, on doit faire avec cet équilibre très compliqué: protéger le système sanitaire, les hôpitaux, mais aussi veiller à la santé mentale des uns et des autres avec des mesures proportionnées. Personne n'a envie de devoir prendre des mesures restrictives qui changent encore plus la normalité."
De nouvelles mesures semblent inévitables
Pour Laurent Kaiser, chef du service des maladies infectieuses aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), il est cependant clair qu'il faut renforcer les mesures. "Mais on doit déjà s'assurer que les mesures en place soient suivies par la population, ce qui n'est pas toujours le cas", fait-il remarquer. "Il y a eu clairement un relâchement de tout le monde, et c'est extrêmement compréhensible."
Il y a eu clairement un relâchement de tout le monde
"On est sur une vague épidémique, on a un variant dont il ne faut pas exagérer le potentiel mais qui est quand même un acteur incontournable actuellement de la situation, qui pourrait aggraver encore cette vague" (lire encadré), constate ce spécialiste. "Donc oui, de nouvelles mesures doivent être prises, cela me paraît inévitable quand on voit la saturation dans laquelle on est déjà dans les hôpitaux."
L'illusion des frontières cantonales
Le virologiste voit comme mesures prioritaires l'utilisation du masque, le dépistage systématique dans toutes les écoles et une coordination intercantonale.
"Cela me paraît toujours un peu surprenant qu'une frontière cantonale limite la coordination entre les cantons, même si c'est plus ou moins le cas dans certaines régions", souligne-t-il. "On pourrait bénéficier de mesures plus globales en Suisse. Ce qui se passe à Genève va se passer demain jusqu'à St-Gall et vice-versa. C'est un peu naïf de penser qu'on est protégés dans une région. On l'est pendant quelques jours, quelques semaines, mais ensuite on est noyés dans toute l'Europe."
Rebecca Ruiz confirme que les mesures à venir doivent être prises à l'échelle du pays, "sinon on en arrive à une cacophonie qui n'est plus compréhensible pour la population".
"Ce virus ne fait ni philosophie ni politique"
Mais il s'agira de communiquer de manière sereine même si c'est difficile compte tenu des incertitudes, relève encore Laurent Kaiser. "Ce virus ne fait ni philosophie ni politique, donc on doit prendre des mesures de santé publique cohérentes."
Le chef du service des maladies infectieuses aux HUG n'est cependant pas optimiste à court terme. "Au vu de la capacité de ce virus à jouer avec l'espèce humaine, on est partis pour encore probablement une ou deux années à devoir s'adapter en tant que société à l'impact de cette pandémie. Et le vaccin est la seule solution, la seule arme efficace en dehors des mesures habituelles."
Propos recueillis par Valérie Hauert et Stéphane Deleury/oang
Le nécessaire principe de précaution face au variant Omicron
Le nouveau variant Omicron vient d'être détecté pour la première fois en Suisse. Laurent Kaiser reste cependant prudent face à ses possibles conséquences sur l'évolution de la pandémie.
"On a un certain nombre de doutes et d'inquiétudes tant qu'on ne sait pas quels sont les effets de ce nouveau variant sur la résistance vaccinale", dit-il. C'est évidemment le point le plus important pour nous à ce stade: savoir quel est l'impact d'omicron sur des personnes vaccinées."
"Ce virus a tous les signaux rouges", ajoute le virologiste. "Mais il faut être encore très prudents puisqu'il nous manque des données."
Laurent Kaiser souligne que ce nouveau variant peut possiblement échapper à la protection vaccinale et provoquer plus de cas, mais sans forcément conduire à plus d'hospitalisations.
"Tout ce qui est en train d'être mis en place, c'est plutôt un principe de précaution ultime", ajoute-t-il.
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