Irène Kälin est inquiète de la polarisation grandissante face à la pandémie et cherche à rassembler. "Il m'est très important de concilier des réalités de vie et des perspectives différentes", explique-t-elle.
Cela vaut aussi en période de pandémie. Malgré la culture typiquement suisse de l'intégration de toutes les opinions dans les processus politiques, "nous ne réussissons pas toujours" à la mettre en oeuvre "comme nous le devrions", observe-t-elle.
En l'occurrence, la conciliation consisterait à obtenir des solutions et des compromis qui résolvent les problèmes et rassemblent le peuple, souligne la conseillère nationale.
Sans complexe face aux bourgeois
"J'étais pleine d'espoir de pouvoir devenir la présidente de la normalisation. Mais lorsque j'observe les pays voisins et nos courbes pandémiques, je ne suis plus si sûre que la lumière soit en vue au bout du tunnel. Cela m'inquiète autant que le fossé politique qui traverse notre pays (à ce sujet)", commente Irène Kälin.
Après un cursus universitaire en islamologie, la jeune politicienne a obtenu un master en cultures religieuses. Politiquement, elle est engagée dans les domaines de l'asile et des affaires sociales, des droits des employés, des crèches et contre les centrales nucléaires. Dans son canton très bourgeois, ses positions se heurtent souvent à l'opinion dominante, mais sa ténacité lui permet d'être perçue comme l'une des principales voix de "l'autre Argovie".
Au Grand Conseil argovien déjà, l'élue de Lenzburg défendait son opinion minoritaire avec courage. Sans aucun complexe, elle a aussi affronté des représentants de l'UDC dans des débats télévisés. "J'ai simplement défendu mes convictions sans jamais perdre de vue ma ligne - verte, sociale et solidaire", explique Irène Kälin.
Ascension quasi fulgurante
Députée au parlement cantonal dès 2014, puis présidente de son groupe, elle échoue l'année suivante lors des élections au Conseil national et au Conseil des Etats. Elle entre toutefois à la Chambre du peuple en 2017, après la démission du Vert argovien Jonas Fricker, accusé d'avoir comparé les transports de porcs vers l'abattoir à la déportation des Juifs.
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Aisément réélue en 2019, Irène Kälin accède désormais à la présidence du Conseil national, quatre ans seulement après son arrivée à Berne. Elle affirme ne jamais avoir réellement visé une carrière politique. "Je voulais simplement m'engager afin que nos enfants et nos petits-enfants aient un avenir digne d'être vécu, sur et avec notre planète", raconte-t-elle.
En 2009, une autre politicienne argovienne avait marqué les esprits en devenant la plus jeune présidente du Conseil national à l'âge de 32 ans. Il s'agissait de la socialiste Pascale Bruderer, qui a quitté entretemps la Berne fédérale après avoir également siégé au Conseil des Etats.
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ats/aps
Un compagnon illustre, leur bébé aussi
Allier vie familiale et professionnelle est un principe qu'Irène Kälin vit au pied de la lettre. Elle a parfois siégé au Conseil national en présence de son bébé né en 2018.
Au chapitre privé toujours, Irène Kälin forme un couple insolite avec le co-rédacteur en chef du magazine Schweizer Illustrierte Werner de Schepper, d'une vingtaine d'années son aîné. Théologien catholique soleurois, l'homme de presse avait notamment dirigé le Blick dans le passé. Le duo vit avec leur fils en bas âge à Oberflachs, dans la campagne argovienne.