"J'avais annoncé déjà au début de l'année que je souhaitais partir à la fin de l'année", rappelle Urs Schwaller mardi dans La Matinale de la RTS. "On a mis en place la stratégie 2021-2024 et c'est mieux si l'on peut assurer une certaine continuité pour la suite", explique-t-il.
Longtemps conseiller aux Etats (lire encadré), le Fribourgeois cède la place à un autre politicien de son canton, le socialiste Christian Levrat. Cette tradition politique est importante à ses yeux.
Equilibre à la tête de l'entreprise
"Nous appartenons à 100% à la Confédération", souligne-t-il. "Et qui dit Confédération dit Conseil fédéral, Parlement. J'ai été 7-8 fois par année dans les commissions du Parlement qui voulaient discuter avec le président [de La Poste]. C'est important d'avoir un contact direct, de comprendre les rouages, l'avancement des projets. C'est d'ailleurs pour ça que l'on a mis en place un CEO qui n'a rien à faire avec la politique et on a fait une sorte d'équilibre entre les deux forces".
Christian Levrat dit qu'il veut s'inspirer d'Urs Schwaller et s'inscrire dans sa ligne. "Il doit surtout s'inspirer de la nouvelle stratégie, qui est une stratégie de croissance", lui conseille le président sortant. "Il me semble important que La Poste puisse continuer à assurer le service universel sans avoir recours à des subventions".
"Un service universel presque unique"
"Aujourd'hui La Poste est performante", souligne avec fierté le Fribourgeois. "Il y a beaucoup de critiques, mais La Poste a été élue cinq fois de suite meilleure poste du monde et nous assurons aujourd'hui encore un service universel presque unique".
Pour assurer la rentabilité de l'entreprise publique à l'avenir, Urs Schwaller estime qu'il faut miser avant tout sur la logistique. "C'est le point fort de La Poste", dit-il. "Nous nous renforçons (…), nous contrôlons aussi aujourd'hui 80% du marché des paquets, c'est très important".
"Les concurrents ne sont pas à l'intérieur de la Suisse, ils sont aux Etats-Unis, en Chine", constate l'ancien élu. "Mais on a un système de distribution très performant et nous sommes en train de le renforcer".
"Un réseau de 800 filiales, c'est déjà pas mal"
Sur la question délicate des offices postaux, Urs Schwaller reste prudent. Il reconnaît une mauvaise communication, de la part de La Poste, avec les communes, les cantons et la population.
"On n'a jamais clairement dit où l'on voulait arriver, d'où ma ferme volonté de dire clairement quel est le nombre de postes que nous voulons atteindre à la fin de cette période de stratégie. Nous avons dit 800. Les communes savent aujourd'hui si leur bureau de poste va rester ou pas. Et je pense qu'avec un réseau de 800 filiales, c'est déjà pas mal".
Mais pas question d'affirmer que ce seuil ne sera pas encore abaissé à l'avenir. "Vous ne pouvez pas administrer le passé", souligne-t-il. "Il faut suivre avec le temps, et si les gens vont moins à la poste, s'ils paient moins à la poste, il y aura des répercussions".
>> L'émission de TTC de lundi soir consacrée à La Poste:
Propos recueillis par David Berger/oang
Une longue carrière politique
Le PDC Urs Schwaller est né en 1952 à Tavel, en Singine fribourgeoise, où il vit toujours.
Il a été préfet de la Singine entre 1986 et 1991, puis conseiller d’Etat fribourgeois (1992-2004) et conseiller aux Etats (2003-2015).
Il a dirigé le groupe PDC aux Chambres fédérales et a été candidat au Conseil fédéral en 2009, battu alors par le Neuchâtelois Didier Burkhalter.
Il avait pris la présidence de La Poste en 2016.