Le port du masque généralisé en intérieur, un coup de massue pour le monde de la nuit?

Mardi, les clubs, bars et restaurants de Suisse ont connu un petit moment de flottement au moment d’apprendre les nouvelles mesures sanitaires proposées par le Conseil fédéral pour juguler l’avancée de la pandémie.

En effet, dans le communiqué qui accompagnait la conférence de presse de Guy Parmelin et Alain Berset, on pouvait lire: "dans les établissements où le port du masque n’est pas possible, des mesures de substitution devront être appliquées : les personnes qui utilisent les services de restauration à l’intérieur auraient ainsi l’obligation de consommer assis (y compris dans les discothèques et lors de manifestations)."

Une formulation jugée alambiquée par certains acteurs du secteur et que l’OFSP a depuis précisée. Dans les restaurants, les bars mais aussi les discothèques, chaque personne debout devra bel et bien porter un masque.

>> Revoir le reportage du 19h30 sur les mesures mises en consultation :

L’efficacité du masque en boîte de nuit

Théoriquement, cela veut-il dire que les gens pourront rentrer en boîte de nuit, être debout et danser, mais seulement à condition de porter un masque et d'avoir un pass sanitaire? La réponse est oui.

Dans le canton de Genève, Mauro Poggia avait jusque-là accordé une dérogation pour les discothèques. Le ministre de la santé estimait qu’en de tels lieux, du fait de la chaleur et de la transpiration, un masque humide et mouvant serait "inutile" et proposait en plus du pass, un traçage nominal effectué par les établissements.

Questionné par la RTS pour savoir si un masque en discothèque faisait scientifiquement sens, l'OFSP botte en touche par la voix de Grégoire Gogniat, porte-parole : "La question est caduque (…) si le masque n’est pas efficace dans les lieux prétendus humides, il y a en plus le renforcement du contact tracing donc peu importe", explique-t-il.

Une grande différence pour les patrons de bars et de discothèques

Si pour l’OFSP, le masque n’est donc qu’un détail dans cette situation précise, c’est un tout autre son de cloche du côté des propriétaires de bars et de discothèques.

Mardi déjà, dans La Liberté, Gilles Ancion, co-directeur du club bullois de Globull, faisait part de sa frustration: "La consommation assise dans une boîte de nuit s’avère compliquée (…) nous préférerions des mesures claires et recevoir des indemnités en conséquence", expliquait-t-il dans le quotidien fribourgeois.

Même incompréhension du côté de la Commission suisse bar et club (CSBC) qui estime que le Conseil fédéral aurait dû discuter de l’idée d’exempter les personnes vaccinées ou guéries du port du masque lorsqu’elles se rendent dans ces établissements pour danser. D’après elle, une telle décision aurait pour conséquence directe une augmentation des fêtes privées et des soirées illégales sans concepts de protection.

#Quivapayerl'addition?, qui regroupe les clubs, bars, restaurants et traiteurs du canton de Vaud, écrit de son côté refuser "toute autre restriction sanitaire que le passeport Covid, à moins d'une totale et immédiate indemnisation de nos charges incompressibles".

Des positions fermes qui s’expliquent par des enjeux financiers très importants. Car si le Conseil fédéral a dit vouloir tout faire pour éviter les fermetures, la proposition d’un port du masque pour les personnes vaccinées et/ou guéries dans les clubs et autres bars s’avère être un véritable coup de massue pour le secteur.

Reste à savoir si, après consultation mercredi, cette décision sera rejetée, confirmée ou rendue encore plus restrictive.

Tristan Hertig