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Quel bilan tirer de la révision de la loi sur l'égalité salariale?

Loi sur l’égalité: Les entreprises de plus de 100 personnes avaient jusqu’à cet été pour faire l’analyse de l’écart salarial entre les hommes et les femmes
Loi sur l’égalité: Les entreprises de plus de 100 personnes avaient jusqu’à cet été pour faire l’analyse de l’écart salarial entre les hommes et les femmes / 19h30 / 3 min. / le 7 décembre 2021
La révision de la loi sur l'égalité salariale est entrée en vigueur en juillet 2020. Toutes les sociétés de plus de 100 collaborateurs avaient jusqu'à cet été pour faire l'analyse de l'écart salarial entre les hommes et les femmes. Tour d'horizon.

Depuis le 1er juillet 2020, les employeurs de 100 personnes et plus ont des nouvelles obligations concernant le contrôle de l'égalité salariale en Suisse.

L'objectif? Concrétiser le droit constitutionnel à un salaire égal pour un travail de valeur égale. En 2018, une enquête sur la structure des salaires de l'Office fédéral de la statistique soulignait en effet que l’écart salarial entre femmes et hommes s’élevait à près de 19%.

Premier bilan

Pour certaines entreprises, il est l’heure de tirer le bilan de cette révision de loi. C’est le cas des Transports publics lausannois, qui ont mis en place une formation sur la charte de diversité de l’entreprise, obligatoire pour tous ses employés. Si l’initiative tend vers plus d’égalité, les transports lausannois peinent toujours à séduire les candidates: sur les 1730 employés, seuls 16% sont des femmes. La responsable du personnel, Ludmila Heitz, a cherché à comprendre pourquoi ces chiffres sont aussi bas, en sondant plus de 400 femmes actives.

"Le sondage révèle qu’une femme sur deux est plus encline à s'engager dans une entreprise qui défend l'égalité salariale. On était extrêmement surpris du résultat, car la majorité des candidates ont une confiance relative dans les paroles des entreprises et dans les chartes qu'on pourrait signer, alors que nous sommes obligés de le faire avec cette révision de loi", analyse Ludmila Heitz.

En conséquence, depuis l'entrée en vigueur de la loi, les demandes d’analyses et de certificats sur l’égalité salariale, faites par des labels indépendants, ont explosé au sein des entreprises.

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Marc Pieren, co-fondateur de Comp-On, l’un des plus grands fournisseurs d’analyses salariales en Suisse, confirme la tendance. Toujours selon Comp-One, les entreprises analysées auraient un système de rémunération équitable entre les femmes et les hommes. Sur les 200 sociétés qui l'ont sollicité, 95% répondaient aux exigences de la révision de loi, avec un écart moyen de 3,6%.

Des chiffres qu’il faut relativiser, selon Marc Pieren: "On constate aussi qu'il y a une très nette différence dans la répartition du travail entre les femmes et les hommes. Il y a beaucoup plus de femmes qui travaillent à temps partiel que les hommes. Il est aussi clairement visible que les femmes ont beaucoup moins de postes à responsabilité, que ce soit dans la hiérarchie de l'entreprise ou dans les postes à compétence supérieure."

Selon Comp-On, ces résultats ne contredisent pas l’existence d’un écart salarial entre hommes et femmes. Ces différences de revenus peuvent être expliquées par des causes structurelles: différences de formation, d’expérience, d’ancienneté ou de position hiérarchique.

Piguet Galland bon élève

Certaines entreprises, comme la banque romande Piguet Galland, développent plusieurs mesures pour réduire l’écart salarial et rendre les postes plus attractifs. La société propose des temps partiels pour les postes de cadre et une flexibilité des horaires de travail. Résultats: les femmes représentent 45% des salariés de cette banque.

Une bataille de longue haleine, selon Marina Bianchi Galanti, responsable RH chez Piguet Galland. "Aujourd'hui, l'écart salarial dans notre maison entre hommes et femmes est de 0,9%". Les femmes occupent aussi des places hiérarchiques élevées, puisque 40% d'entre elles siègent au comité de direction. "J'ai appris qu'il fallait de la ténacité et de la patience pour faire changer les mentalités", conclut Marina Bianchi.

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saje avec Fanny Moille

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