"Cette crise a montré comme nulle autre que la protection des personnes dont les revenus sont légèrement supérieurs au seuil de pauvreté est très lacunaire", explique Marianne Hochuli, responsable du Secteur Etudes de Caritas Suisse, citée dans un communiqué publié lundi.
Dans un appel lancé à la politique et à l'économie, l'organisation demande une action résolue dans six domaines. Elle exige un travail décent avec des salaires permettant de vivre et moins d'emplois précaires, une égalité des chances en matière de formation et pour toutes les familles, un accès sans barrière au système de santé, une meilleure couverture du minimum vital grâce à l'extension des prestations complémentaires et davantage de logements abordables.
La pauvreté augmente
Alors que la pauvreté n'a cessé d'augmenter ces dernières années et touchait déjà 735'000 personnes avant la crise, 600'000 autres vivent dans des conditions précaires, juste au-dessus du minimum vital, dénonce Caritas. "Ces personnes ne sont pas suffisamment armées pour faire face aux crises d'aujourd'hui et de demain".
Selon l'organisation, les statistiques officielles ne permettent pas encore de savoir exactement combien de personnes sont touchées et menacées par la pauvreté. "Mais il est certain que les personnes les moins bien rémunérées sont aussi les plus touchées par la crise et que les inégalités se sont accrues en Suisse".
Parmi les causes de la pauvreté, Caritas évoque notamment de nombreux cas où le travail ne permet pas aux travailleurs de gagner leur vie. En Suisse, quelque 150'000 personnes sont considérées comme des travailleurs pauvres ("working poors").
Les chances de formation sont en outre inégales, les familles peuvent difficilement concilier emploi et vie de famille, les logements bon marché sont rares et les primes d’assurance maladie ont augmenté à des niveaux inabordables pour beaucoup. "Un grand nombre de personnes vivent dans l'insécurité en matière de minimum vital", déplore Caritas.
Un problème global
"La pauvreté n’est pas un problème individuel, mais en grande partie une conséquence de conditions sociales, politiques et économiques défavorables", explique Aline Masé, responsable du service politique sociale de l'organisation. Les personnes concernées ont souvent de mauvaises chances sur le marché du travail en raison d'une formation insuffisante.
En signant l'agenda 2030 de l'ONU, la Suisse s'est engagée à lutter contre la pauvreté au sein de ses frontières, rappelle Caritas. La Constitution fédérale oblige également la Suisse à garantir la sécurité sociale pour tous. "On voit pourtant que la réalité est autre et que la pauvreté augmente de nouveau depuis des années", déplore l'organisation.
ats/iar