Cela faisait plusieurs mois que les pères des deux filles de 9 et 15 ans demandaient à la Confédération le rapatriement de leur enfant respectif. Elles ont été enlevées en 2016 par leur mère, une femme profondément radicalisée. Elles avaient ensuite rejoint le territoire sous contrôle du groupe terroriste Etat islamique en Syrie.
Le rapatriement des deux filles a été réalisé avec le consentement de la mère. Après avoir longtemps refusé, elle a changé d'avis, ce qui a permis de débloquer la situation. Les deux enfants ont également exprimé leur accord pour revenir en Suisse vivre avec leurs pères.
"Stratégie à long terme"
"C’est l’aboutissement d’une stratégie à long terme", a indiqué à la RTS l’ambassadeur Johannes Matyassy, secrétaire d'Etat suppléant du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). "Au mois de juin, nous avons organisé un voyage avec les pères qui ont pu rencontrer leurs filles à la frontière irakienne."
Et le diplomate de préciser: "Ainsi, elles ont réussi à construire une relation de confiance avec eux. Et puis l’aînée nous a exprimé son souhait de retourner en Suisse. Enfin, nous avons beaucoup parlé avec la mère pour la convaincre de laisser partir ses deux filles. Finalement elle a donné son accord. Notre mission est donc une réussite."
Sans aide militaire
L'opération a eu lieu en collaboration avec les autorités compétentes en Suisse et à l'étranger, notamment les autorités irakiennes et celles en charge du camp où se trouvaient les enfants. Le DFAE ne fournit pas plus de détails sur l'organisation du voyage, mais indique qu'il n'y a pas eu besoin de l'appui d'une force militaire.
Selon toute vraisemblance, les deux enfants ont été extraites du camp de Al Roj dans le nord-est de la Syrie, puis amenées à la frontière irakienne où les autorités suisses les ont récupérées. Elles ont ensuite embarqué dans un avion à destination de Genève.
Sous la responsabilité des autorités genevoises
Les deux filles devraient être prises en charge par le service de protection des mineurs du canton de Genève. C’est à lui que revient maintenant le suivi de leur situation, tout comme de s'assurer, avec la collaboration de la police cantonale, qu’elles ne présentent pas un danger pour la sécurité intérieure de la Suisse. Un risque en tout cas écarté par le DFAE.
Le rapatriement a eu lieu dans le cadre de la décision du Conseil fédéral du 8 mars 2019, qui permet, après examen et dans l'intérêt de l'enfant, le retour de mineurs.
Marc Menichini/asch avec ats