Modifié

Les deux enfants rapatriés de Syrie se verront "offrir un cadre stable" en Suisse

André Duvillard commente le premier rapatriement d'enfants en Suisse depuis la Syrie-(vidéo)
André Duvillard commente le premier rapatriement d'enfants en Suisse depuis la Syrie(vidéo) / La Matinale / 8 min. / le 7 décembre 2021
Deux enfants d'une mère djihadiste ont été rapatriés en Suisse pour la première fois, après avoir passé plus de cinq ans en Syrie. André Duvillard, délégué au Réseau national de sécurité, était l'invité de La Matinale mardi pour commenter ce rapatriement.

Deux filles de 9 et 15 ans sont de retour en Suisse, dans le canton de Genève, après avoir été enlevées par leur mère en 2016. Elles ont vécu plus de cinq ans en Syrie en zone de guerre, sous contrôle du groupe terroriste Etat islamique (EI). C'est la première fois que la Confédération mène ce type d'opération.

>> Lire en détail : Pour la première fois, deux enfants sont rapatriés en Suisse depuis la Syrie

Leur rapatriement pose la question de la sécurité du territoire national. "Il y a toujours un risque, mais ce rapatriement fait partie d'une stratégie qui a été voulue par le Conseil fédéral. Il va s'agir dans un premier temps de redonner un cadre stable à ces deux fillettes et de poursuivre un travail de longue haleine", explique le délégué au Réseau national de sécurité André Duvillard, invité dans La Matinale mardi.

"La première chose à faire sera d'effectuer une analyse des risques et des besoins pour ces jeunes filles, et ensuite de mettre en place un dispositif. Ce travail va devoir se poursuivre sur plusieurs années", ajoute le spécialiste.

Un encadrement rigoureux

Les autorités genevoises compétentes vont devoir définir un nouveau cadre de vie pour les deux fillettes. La famille, et notamment les deux pères, seront également intégrés au processus, explique André Duvillard. "Tout ce qui est mis en place part du principe que ces filles sont radicalisées."

Le suivi des rapatriées sera assuré par plusieurs acteurs, selon une approche pluridisciplinaire, précise le délégué au Réseau national de sécurité. Ainsi, des professionnels de la psychiatrie forensique pour enfants et adolescents, de la protection de l'adulte et de l'enfant, d'institutions socioéducatives et la police seront mobilisés dans la procédure.

Les termes "désengagement" et "réintégration" sont par ailleurs préférés à celui de "déradicalisation". "Cela part du principe qu'on peut rester radical par rapport à l'idéologie, mais ce qu'on veut c'est réduire au maximum le potentiel de violence", relate le spécialiste. "Il est extrêmement difficile de prédire le résultat de ce travail, on n'a jamais de garantie de réussir mais je crois que ça vaut la peine de le faire parce qu'on offre à ces deux filles un cadre qui est beaucoup plus stable", ajoute-t-il encore.

>> Ecouter aussi l'interview dans le 12h30 du psychiatre Panteleimon Giannakopoulos sur l'encadrement psychologique des enfants rapatriés :

Vue sur le camp Al-Roj, dans la province syrienne de Hassaké, où se trouvent plusieurs enfants de nationalité suisse. [Keystone/AP - Maya Alleruzzo]Keystone/AP - Maya Alleruzzo
Quel encadrement psychologique pour les enfants rapatriés depuis la Syrie? / Le 12h30 / 4 min. / le 7 décembre 2021

Une stratégie de séparation

En matière de lutte contre le terrorisme, la stratégie du Conseil fédéral consiste à rapatrier uniquement les enfants de djihadistes, sans leurs parents. Dans le cas des deux jeunes filles rapatriées à Genève, la mère a été déchue de sa nationalité. Certains élus critiquent cette méthode de séparation du gouvernement.

Pour André Duvillard, cette stratégie est la bonne et "offre un cadre extrêmement favorable" aux deux fillettes. Il n'exclut néanmoins pas qu'elle puisse être révisée un jour.

La problématique des adultes radicalisés qui ne sont pas rapatriés pour être emprisonnés est une "question qui fait débat en Suisse et dans tous les pays qui nous entourent. Mais aujourd'hui, cela reste la règle: ces personnes restent incarcérées dans des camps au nord de la Syrie".

Propos recueillis par Romaine Morard

Adaptation web: Isabel Ares

Publié Modifié