Dans certains cas, agriculteurs et agricultrices gardent leurs animaux et transforment leurs domaines en "Lebenshof ", soit "ferme de vie" en français. C'est ce qu'ont décidé de faire cet été les Blaser à Bowil (BE) dans l'Emmental: "Je ne supportais plus de conduire les veaux à l'abattoir, ça me brisait le cœur", explique Selina Blaser dans le 19h30.
Végane depuis l'adolescence, c'est elle qui a convaincu son mari de transformer leur concept d'exploitation. Pour Adrian, qui a hérité des vingt vaches mères de ses parents, pas question de se séparer d'elles: "Pour moi un paysan sans animaux, ça n'est pas un paysan. Nous avons donc dû trouver une solution."
Au lieu de la viande, le couple a donc décidé de développer des cultures comme le pois chiche et l'épeautre pure. Afin que les vaches puissent continuer à vivre dans la ferme, Adrian et Selina ont lancé un appel aux dons.
Martina Mantanes a choisi de parrainer la vache Léa à hauteur de 3000 francs par an: "Je n'attends rien en retour. Pour moi, c'est comme payer une réparation pour toutes ces années où j'ai consommé des produits animaux. Et je soutiens ainsi une nouvelle forme d'agriculture", remarque-t-elle.
Parents déjà pionniers
Selina et Adrian ont besoin de 36'000 francs par an pour soigner et nourrir leurs vaches. Malgré le scepticisme des paysannes et paysans voisins, tous deux sont persuadés d'arriver à trouver suffisamment de dons: "A l'époque, mes parents ont été les premiers à arrêter le lait, pour produire de la viande. Personne aux alentours n'y croyait et aujourd'hui tous les paysans de la région ont des vaches mères!", confie Adrian.
Depuis sa ferme de vie "Hof Narr" à Hinteregg (ZH), Sarah Heiligtag accompagne toute personne travaillant dans l'agriculture souhaitant se convertir au véganisme. Gros élevages de porcs, petites productions de lait: depuis quelque mois, son téléphone n'arrête pas de sonner.
Agriculture végan plus efficace
"Nombreuses sont les personnes qui ne veulent plus tuer leurs animaux. Il existe aujourd'hui des alternatives. On est plus obligé de les mener à l'abattoir", note la Zurichoise. Ce d'autant plus que "de plus en plus de personnes achètent des produits végétaux. Le marché de la viande et du lait recule".
Selon cette éthicienne, reconvertie à l'agronomie, une agriculture uniquement basée sur les plantes est plus efficace et plus écologique: "Un litre de lait d'avoine nécessite dix fois moins de terre et libère quatre fois moins de gaz à effet de serre qu'un litre de lait", souligne Sarah Heiligtag.
Jean-Marc Heuberger/sjaq