L'activiste climatique Guillermo Fernandez crie victoire et cesse sa grève de la faim
Très affaibli mais heureux, Guillermo Fernandez a pu déguster quelques morceaux de banane ce jeudi matin à Berne, après près de 40 jours de jeûne. Ce Fribourgeois de 47 ans, père de trois enfants, avait entamé une grève de faim le 1er novembre pour dénoncer l'inaction des autorités face à l'urgence climatique. Depuis cette date, il bravait les éléments, assis sur sa chaise posée sur la Place fédérale.
C'est une victoire - la première - et la fondation des victoires qui suivront
Fraîchement élue à la présidence du Conseil national, Irene Kälin (Verts/AG) a invité les Académies suisses des sciences à venir présenter aux parlementaires les derniers résultats de la recherche sur le climat et la biodiversité, plus particulièrement les derniers rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). L'organisation d'un tel événement était justement la revendication de Guillermo Fernandez.
"Ces rapports sont une source fiable et citée à maintes reprises dans le cadre de la problématique climatique. Les parlementaires doivent donc en connaître les résultats rapidement et de première main", affirme l'écologiste argovienne dans un communiqué publié jeudi matin. La rencontre avec les élus fédéraux aura lieu le 2 mai prochain et sera bien sûr facultative.
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Une présence embarrassante pour les Verts
"C'est une victoire - la première - et la fondation des victoires qui suivront", a réagi l'activiste climatique peu après l'annonce de la fin de son action. Le père de famille regrette toutefois qu'il ait fallu que quelqu'un mette sa santé en danger pour "faire quelque chose d'évident et de bon sens". "Ca n'efface pas ma joie, mais effectivement, c'est absurde."
De nombreux scientifiques, personnalités et élus avaient publiquement affiché leur soutien au gréviste de la faim ces dernières semaines. Sa présence devant le Palais fédéral embarrassait le Parlement, en particulier les Verts qui partagent les objectifs de son combat sans approuver sa méthode. Plusieurs écologistes ont donc poussé pour qu'une solution soit trouvée.
Il ne faudrait jamais réagir à un chantage
Le Parlement n'a toutefois pas cédé aux revendications de Guillermo Fernandez, selon Céline Vara (Verts/NE). "Irene Kälin avait envisagé de faire une rencontre entre les scientifiques et les parlementaires durant son année de présidence. C'était vraiment l'occasion de mettre en oeuvre cette journée. Nous avons simplement accéléré la communication", explique la conseillère aux Etats.
Mais à droite, les critiques n'ont pas tardé. "Il ne faudrait jamais réagir à un chantage", a commente le conseiller national Albert Rösti (UDC/BE). Pour lui, le risque est de créer un précédent. "Si tout le monde vient faire la grève de la faim (devant le Palais fédéral), on ne pourra plus faire de la politique ici", estime l'ancien président du premier parti de Suisse.
Un combat qui se poursuit, par d'autres moyens
Guillermo Fernandez compte désormais se reposer auprès des siens et reprendre des forces. Mais pour lui, le combat contre le dérèglement climatique ne fait que commencer et le Fribourgeois entend reprendre la lutte l'année prochaine. Pas question, cependant, de se lancer dans une nouvelle grève de la faim. Il va mener ses campagnes bien au chaud, depuis chez lui.
Didier Kottelat, avec Valérie Gillioz et Mathieu Henderson