Le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et son homologue chinois Wang Yi ont pris cette décision à la fin novembre lors d'un entretien téléphonique. Les responsables du dossier des droits humains s'entretiendront en décembre pour fixer notamment l'agenda et les points forts de cette rencontre.
Cette thématique est un "élément central" de la Stratégie Chine approuvée en mars par le Conseil fédéral. Elle est désormais thématisée de manière conséquente à chaque rencontre bilatérale ou multilatérale. Mais cette stratégie ne remplace pas le dialogue direct, l'instrument qui permet d'aller le plus à fond sur ces questions, estime Ignazio Cassis.
Revirement suisse en cause?
Ce dialogue se déroule depuis 30 ans, et c'est un processus qui est "bien plus qu'un dialogue entre fonctionnaires", a insisté mercredi le ministre des Affaires étrangères. Il permet des échanges entre experts de domaines précis, souligne-t-il. Et comme avec de nombreux autres Etats occidentaux, il constitue un espace de discussion privilégié où les sujets les plus sensibles peuvent être abordés.
Ce dialogue avait été suspendu en 2019 par Pékin, agacé par le ralliement de la Suisse à la déclaration adressée à l'ONU sur le Xinjiang, cosignée par plusieurs dizaines d'Etats et qui condamnait le traitement réservé aux minorités musulmane de cette région chinoise.
Mais en octobre dernier, la Suisse retirait sa signature de cette déclaration qui est renouvelée chaque année. Et si ce revirement n'est pas officiellement la raison invoquée pour la reprise du dialogue sino-helvétique, certains s'interrogent.
"Plusieurs instruments" pour la Suisse
Cette interrogation est "tout à fait légitime", concède Ignazio Cassis mercredi soir dans Forum. "Le dialogue est relancé suite à une conversation téléphonique où il a surtout été question de tirer un bilan de 30 ans de discussion sur les droits de l'Homme", a-t-il répété.
Il dit cependant avoir prévenu son homologue chinois que les autres instruments de lutte en faveur des droits de l'Homme allaient garder toute leur importance. "La Suisse soutient parfois certaines déclarations multilatérales, parfois elle ne le fait pas. Elle cherche le meilleur chemin pour être le plus efficace possible dans sa politique extérieure indépendante", a-t-il déclaré.
jop avec mp et ats
Motion rejetée par le Conseil des Etats
Le ministre tessinois s'est exprimé mercredi lors du débat sur une motion du Conseil national chargeant le Conseil fédéral de renforcer la promotion des droits humains en Chine par différentes mesures concrètes. Ce texte a été rejeté par 29 voix contre 11.
Les sénateurs soutiennent sans conteste cet objectif, a expliqué Matthias Michel (PLR/ZG) au nom de la commission. Ils considèrent toutefois que les objectifs de cette motion sont déjà remplis par le Conseil fédéral et que cette intervention ne serait pas judicieuse dans la pratique.
Un avis contesté par la gauche. La situation en Chine n'a jamais été aussi grave, les droits de l'homme sont bafoués depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping il y a dix ans, a insisté Carlo Sommaruga (PS/GE). Il est nécessaire d'agir face à Pékin.
La Suisse a tout fait pour promouvoir ses intérêts économiques et renforcer ses relations économiques avec la Chine, alors que les droits l'homme restent un dossier "secondaire", a-t-il déploré.