"Concrètement, il s'agit des patients qui ne sont pas en urgence vitale, c'est-à-dire la chirurgie plastique, l'orthopédie ou les hernies par exemple", détaille-t-il. Cela ne touche donc pas les opérations cardiaques, la neurochirurgie ou encore toutes les opérations liées à l'oncologie.
Le médecin ne cache pas une certaine frustration, partagée par ses équipes, face à la situation actuelle. "On doit annuler des opérations chez des patients vaccinés contre le Covid pour pouvoir accueillir les patients non vaccinés qui ont attrapé le Covid", dit-il.
Selon lui, c'est un vrai problème éthique. "On parle toujours de solidarité. Mais où est la solidarité envers les patients qui sont vaccinés, qui ont tout fait juste et qui doivent reporter leurs opérations alors qu'ils en ont besoin? Par exemple, on a annulé le programme de dons vivants du rein, parce qu'on n'avait pas la place. Mais on sait qu'on va péjorer la fonction rénale des patients qui attendent une transplantation."
"Équation psychologiquement difficile"
"Curieusement, ces patients-là, on les entend beaucoup moins que les antivax, même si évidemment ils ne sont pas contents. Ils ont peur et ils sont frustrés", note-t-il également.
Pour autant, il tient à rappeler qu'il n'est pas question de faire de différence entre les patientes ou les patients vaccinés et non vaccinés. "Il est tout à fait clair qu'on va soigner tout le monde, complètement indépendamment du statut vaccinal. C'est notre mission et notre métier de médecin", déclare-t-il. "Mais on doit aussi défendre les intérêts des patients qui ont besoin d'interventions chirurgicales importantes. C'est cette équation qui est extrêmement difficile à mener psychologiquement dans les hôpitaux aujourd'hui."
Propos recueillis par Romaine Morard
Texte web: Pierrik Jordan