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Yodleuse, équithérapeute, entrepreneur: ces parlementaires inconnus en Suisse romande

Ils et elles siègent sous la Coupole fédérale à Berne depuis plusieurs années mais sont méconnus, voire inconnus, en Suisse romande. Chanteuse de yodel, pédagogue équine ou encore entrepreneur, la RTS brosse le portrait de cinq parlementaires au profil atypique.

PRISKA WISMER - La paysanne yodleuse

Priska Wismer, conseillère nationale du Centre lucernoise. [priska.wismer.ch]
Priska Wismer, conseillère nationale du Centre lucernoise. [priska.wismer.ch]

Au Parlement fédéral, il y a les politiciens de carrière. Et puis, il y a les autres: ceux qui arrivent un peu plus tard, grâce aux réseaux qu'ils ont développé dans leur région au cours d'une vie ordinaire.

C'est le cas de Priska Wismer (Le Centre/LU). Maîtresse d'école, paysanne et conseillère nationale du Centre, la Lucernoise de 51 ans est une véritable parlementaire de milice.

Sa particularité reste toutefois le yodel: "Je chante depuis que je suis toute petite, cela fait partie de ma vie", dit-elle. Et ne lui dites surtout pas que c'est un art ringard: "Contrairement aux clichés, il peut être quelque chose de très moderne. C'est un des meilleurs styles pour vraiment partager des sentiments."

La musique a d'abord été une affaire de famille, avec ses filles ou sa tante. Puis, de la salle communale à la télévision, Priska Wismer a connu une part de célébrité à travers le chant.

Des éoliennes sur la ferme

La Lucernoise est entrée au Parlement cantonal à l'âge de 40 ans et s'est spécialisée sur les questions d'éducation. C'est dix ans plus tard, en 2019, à la deuxième tentative, qu'elle a poussé les portes du Palais fédéral.

Malgré une appartenance au Centre, c'est surtout le climat qui la préoccupe. Après les panneaux solaires, l'agricultrice prévoit d'installer des éoliennes sur sa ferme.

Sa vie n'est toutefois pas que remplie de politique et de yodel. "Cela va de nouveau sonner un peu poussiéreux mais, comme hobby, j'adore jouer au jass. C'est ce qu'on fait avec toute ma famille dès qu'il y a du temps le soir."

>> Le sujet d'Etienne Kocher :

Zoom (vidéo) - Les élu.e.s méconnu.e.s (1-5) : Priska Wismer, maîtresse d’école, yodleuse, paysanne et conseillère nationale (Le Centre-LU)
Qui est-ce (vidéo) - Les élus méconnus (1/5) : Priska Wismer (Le Centre/LU), maîtresse d’école, yodleuse, paysanne et conseillère nationale / La Matinale / 2 min. / le 20 décembre 2021

ANDREA GEISSBUHLER - La parlementaire aux mille vies

"Joyeuse, honnête et engagée." C'est par ces trois mots que se décrit la Bernoise Andrea Geissbühler. A 45 ans, cette amoureuse des chevaux a

Andrea Geissbühler (à droite) en campagne électorale avec sa maman. Au final, c'est la fille qui sera élue. [sabina.geissbuehler.ch]
Andrea Geissbühler (à droite) en campagne électorale avec sa maman, il y a 16 ans. Au final, c'est la fille qui sera élue. [sabina.geissbuehler.ch]

déjà vécu mille vies. Elle a porté l'uniforme de police à Berne pendant sept ans, en partie dans la garde montée.

Thérapeute équine, maîtresse d'école enfantine, elle est aussi diplômée de l'école ménagère rurale et a travaillé pour un service de soins à domicile.

Andrea Geissbühler enseigne également la natation et le plongeon et elle possède un brevet d'équitation. Une vie à 100 km à l'heure, surtout rythmée par ses trois jeunes enfants et les sessions au Parlement.

Lorsque la fille passe devant la mère

Andrea Geissbühler marche dans les pas de sa mère, députée UDC au Grand Conseil bernois pendant plus de 10 ans. "Elle était candidate pour le Conseil national en 2007. Et on m'a rajouté sur la liste comme bouche-trou car il y avait besoin de jeunes femmes." Elles ont donc mené campagne ensemble: "On a roulé à travers tout le canton de Berne en tandem. C'est comme cela, de manière tout à fait inattendue, que je me suis retrouvée au Conseil national."

La fille est donc élue, mais pas la mère. Après 16 ans sous la Coupole, Andrea Geissbühler a trouvé sa place. Elle y défend la ligne conservatrice de son parti: politique d'abstinence en matière de drogue, anti-mariage gay et anti-avortement.

Alors que son aventure au Parlement est bientôt terminée, que compte-t-elle faire après? Peut-être redevenir maîtresse d'école ou obtenir un mandat politique au niveau communal.

>> Le sujet de Camille Degott :

Qui est-ce (vidéo) - Les élus méconnus (1-5): Andrea Geissbühler, conseillère nationale (UDC-BE), "la parlementaire aux milles vies''
Qui est-ce (vidéo) - Les élus méconnus (1/5): Andrea Geissbühler, conseillère nationale (UDC/BE), "la parlementaire aux milles vies'' / La Matinale / 43 min. / le 21 décembre 2021

ANNA GIACOMETTI -  La parlementaire qui vient de (très) loin

Anna Giacometti vient de l'un des coins les plus isolés de Suisse. Domiciliée dans le village de Stampa, dans le Val Bregaglia, la PLR grisonne met presque cinq heures pour venir siéger à Berne.

Anna Giacometti, conseillère nationale PLR et ancienne maire de Bregaglia (GR), en visite à Bondo, un an après le glissement de terrain en 2017. [Keystone - Giancarlo Cattaneo]
Anna Giacometti, conseillère nationale PLR et ancienne maire de Bregaglia (GR), en visite à Bondo, un an après le glissement de terrain en 2017. [Keystone - Giancarlo Cattaneo]

Italophone, cette grand-maman de trois petits-enfants est une véritable polyglotte. A l'italien, s'ajoute le français, l'allemand, l'anglais et le portugais, ainsi que le bargaiot: "C'est un mélange entre le lombard et le romanche. C'est une langue que l'on ne parle que dans notre vallée et qui ne s'écrit pas. On le parle en famille, avec nos amis et dans les sociétés. On apprend l'italien seulement lorsqu'on va à l'école."

Drame de Bondo

Le nom d'Anna Giacometti est aussi étroitement lié au drame de Bondo, survenu le 23 août 2017. Ce glissement de terrain meurtrier a mis ce village au coeur de l'actualité suisse. En tant que maire de la commune, la Grisonne s'est retrouvée propulsée sous les feux des projecteurs.

"Je me souviens qu'une sorte de calme est entré en moi. Et je me suis dit que puisque j'étais la maire, je devais m'occuper des paysans, des journalistes qui posent des questions. J'ai oublié tout le reste, j'ai mis les autres dossiers de côté. J'ai dit à mon mari qu'il devait s'occuper seul, car je n'aurai plus le temps durant plusieurs semaines. Et cela a duré plusieurs mois."

Lorsqu'on lui demande de quoi sera faite sa vie après la politique, elle évoque son envie d'élever à nouveau des brebis et des poules.

>> Le sujet de Marie Giovanola :

Anna Giacometti, maire de la commune de Bondo (GR) et conseillère nationale (PLR).
Qui est-ce - Les élus méconnus (3/5): Anna Giacometti, conseillère nationale (PLR/GR) / La Matinale / 2 min. / le 22 décembre 2021

MERET SCHNEIDER - Les animaux et la nature avant tout

Meret Schneider n'a jamais rêvé de politique. Petite, elle voulait devenir paysanne. Et pourtant, la politique l'anime depuis toujours. Ou presque. A sept ans déjà, la Verte zurichoise vendait des timbres pour le WWF afin de récolter de fonds pour la protection des tortues.

Meret Schneider, conseillère nationale Verte, zurichoise. [Facebook]
Meret Schneider, conseillère nationale Verte, zurichoise. [Facebook]

D'ailleurs, les animaux, c'est son dada. Lorsqu'on lui demande ce qu'elle ferait si elle avait les pleins pouvoirs, elle n'hésite pas une seconde: "Je supprimerais l'élevage d'animaux de rente, je ferais en sorte que nous arrêtions d'exploiter des animaux à grande échelle pour les manger."

Et ce ne sont pas des paroles en l'air: Meret Schneider est végane. En outre, elle ne conduit pas et ne prend pas l'avion.

Trouble alimentaire

Pour la Zurichoise, aller au bout de ses engagements, c'est quasiment une religion. Quitte à mettre sa santé en péril. La jeune femme souffre en effet d'un trouble alimentaire. Lorsque le travail est trop lourd et le stress trop intense, elle n'arrive pas à manger correctement. Elle ne s'en cache plus: "C'était important pour moi d'en parler et de montrer que les problèmes psychiques sont aussi omniprésents au Parlement. Nous ne sommes pas des machines."

Meret Schneider n'est certes pas une machine, mais elle a poussé les portes du Palais fédéral à seulement 27 ans. Elle est l'une des benjamines du Conseil national, aux côtés de son collègue PLR Andri Silberschmidt. Ils étaient d'ailleurs au jardin d'enfant ensemble.

Lorsqu'elle ne siège pas, la jeune politicienne travaille dans la culture maraîchère. Une activité physique pour compléter l'exercice intellectuel. "Mon plus grand rêve, c'est de vivre dans les montagnes", dit-elle. Et pourquoi pas à Savognin, dans les Grisons, le village de sa grand-mère? C'est là que l'écologiste dit se sentir la plus heureuse.

>> Le sujet de Marielle Savoy :

Zoom (vidéo) - Qui est-ce - Les élus méconnus (3-5): Meret Schneider, conseillère nationale (Verte-ZH)
Zoom (vidéo) - Qui est-ce - Les élus méconnus (3/5): Meret Schneider, conseillère nationale (Verte/ZH) / La Matinale / 2 min. / le 23 décembre 2021

MUSTAFA ATICI - Donner de la voix aux migrants

Mustafa Atici, conseiller national soclialiste de Bâle-Ville. [Instagram]
Mustafa Atici, conseiller national soclialiste de Bâle-Ville. [Instagram]

Né à Elbistan, en Turquie, Mustafa Atici est arrivé à 23 ans en Suisse. Son objectif était de faire son Master, puis rentrer dans son pays. Finalement, il est resté. Ce Kurde a appris l'allemand et il est devenu entrepreneur indépendant.

Il n'est pas du genre à se plaindre, mais plutôt à réfléchir à ce qu'il peut faire pour changer les choses. La politique était donc une évidence.

Naturalisé à la trentaine, en 2001, Mustafa Atici adhère la même année au PS et occupe depuis 2015 le poste de président du mouvement PS Migrant-e-s Suisse: "Quand j'ai fait ma demande pour rejoindre le Parti socialiste à Bâle, on m'a invité à une rencontre avec une dame, membre de la section de mon quartier. J'avais mis un costume super chic avec une cravate et tout. Je m'étais bien préparé et finalement cela a fonctionné."

Mustafa Atici siège ensuite pendant 14 ans au Grand Conseil bâlois, avant d'accéder à Berne. Mais cela n'a pas été facile: il a dû s'y prendre à quatre fois pour être élu au National.

Aujourd'hui, son combat acharné, c'est celui pour le droit à la formation et l'égalité des chances.

L'amour de sa mère et des montagnes

Quand on lui demande ce qui lui manque le plus depuis qu'il a quitté la Turquie, il répond: "Ma mère, qui habite maintenant toute seule là-bas."

En Turquie, comme en Suisse, Mustafa Atici aime vivre entouré de sa femme, de ses deux fils, de sa grande famille et de tous ses amis. Il est aussi très engagé dans le milieu associatif.

A se demander où cet élu plein d'énergie trouve encore le temps de partir en randonnée, une autre de ses passions: "Les Kurdes aiment les montagnes. Et je savais qu'en Suisse, il y en avait beaucoup."

Zoom (vidéo) - Qui est-ce - Les élus méconnus (5-5): Mustafa Atici, conseiller national (PS-BL)
Zoom (vidéo) - Qui est-ce - Les élus méconnus (5/5): Mustafa Atici, conseiller national (PS/BL) / La Matinale / 3 min. / le 24 décembre 2021

>> Le sujet de Camille Degott:

Sujet web: Mathieu Henderson

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