Les mesures facilitant les transitions de genre se multiplient, mais les parents s'inquiètent
Jeudi dernier, le conseiller national Benjamin Roduit (Centre/VS) a déposé une interpellation parlementaire, se faisant le porte-voix d'une association de parents. L'objectif est de demander plus de prudence dans l'accompagnement médical des personnes dite "en transition".
"De manière concrète, nous demandons au Conseil fédéral de prendre position sur ces modifications de genre, sur les risques. Il s'agit vraiment que le gouvernement puisse prendre conscience de l'ampleur du problème, qui est exponentiel", explique Benjamin Roduit samedi dans le 19h30.
Un processus rapide
Interrogée anonymement sur la RTS, une mère témoigne de la rapidité avec laquelle la transition de sa fille de 20 ans a été faite. Après un rendez-vous chez un psychologue, cette dernière s'est rendue au CHUV, où le diagnostic de dysphorie de genre est posé.
A partir de là, tout s'est enchaîné: certificat pour se faire retirer les seins, possibilité de changer officiellement de nom. Si son enfant se réjouit, pour la maman, le processus va trop vite et est difficile à accepter.
"Je ne nie pas que la dysphorie de genre existe. Mais je suis sûre qu'il y a aussi d'autres facteurs derrière au niveau de l'estime de soi, qui devraient être travaillés, avant de donner un diagnostic", pense-t-elle.
Pas de précipitation
Au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), les nouvelles demandes de consultation en lien avec un malaise identitaire ont fortement augmenté. En 2007, l'hôpital répondait à cinq demandes, contre une vingtaine en 2021.
"Ici, on reçoit le jeune et on se donne le temps de savoir où il en est dans son questionnement. Parfois, le tableau est très clair et ça peut aller assez rapidement. Parfois, cela peut prendre un peu plus de temps", estime Mathilde Morisod, pédopsychiatre au CHUV et membre de l'équipe interdisciplinaire qui accompagne les jeunes dans le processus.
Pour la spécialiste, il n'y a pas de précipitation dans la prise en charge et le diagnostic de dysphorie de genre, même s'il peut y avoir urgence à agir dans certaines situations pouvant aller jusqu'à un risque de suicide.
"Si on a l'indication d'une volonté de transition et qu'on la retarde, on laisse le jeune dans une souffrance qui peut être véritablement indescriptible", développe Mathilde Morisod.
>> Relire aussi : Toujours plus de jeunes consultent pour des questions relatives à leur identité de genre
Sujet TV: Céline Brichet et Léandre Duggan
Adaptation web: Jérémie Favre