Publié

Lynn Bertholet: "Parler de transidentité en toute méconnaissance, c'est insultant"

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Lynn Bertholet, présidente de l’association Epicène
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Lynn Bertholet, présidente de l’association Epicène / La Matinale / 11 min. / le 22 décembre 2021
La thématique sur les droits des personnes transgenres a souvent fait la une de l'actualité politico-médiatique en cette fin d'année, jusqu'à atteindre les arcanes du Parlement fédéral. Présidente de l'association Epicène, Lynn Bertholet était invitée dans La Matinale pour faire le point.

Plusieurs mesures ont récemment été décidées aux niveaux communal et cantonal. La ville de Lausanne a par exemple annoncé un plan pour l'inclusion des personnes LGBT. Le canton de Vaud a également présenté un plan d'accompagnement pour les élèves transgenres, tandis que le conseiller national Benjamin Roduit (Le Centre/VS), inquiet de l'accompagnement médical des jeunes, a amené ce thème jusqu'à Berne.

>> Lire aussi : Les mesures facilitant les transitions de genre se multiplient, mais les parents s'inquiètent

Ce sujet est-il devenu comme les autres? "Visiblement pas, vu le nombre de polémiques que cela suscite et le nombre de fake news autour de la thématique depuis une année. Ce qui est un peu triste, c'est cette politisation. On oublie que derrière, il y a la souffrance de personnes. L'utiliser et en parler en toute méconnaissance de cause, c'est très insultant", estime Lynn Bertholet, faisant notamment référence à l'intervention de Benjamin Roduit.

Sortie de l'ombre

Au-delà de ça, la présidente de l'association Epicène, qui s'engage pour les droits des transgenres, voit cette omniprésence dans le débat sociétal comme une "sortie de l'ombre".

"A 4 ans, je voulais porter des robes. Ma mère était incapable de savoir et de pouvoir m'expliquer, de trouver des informations pour m'aider à ce moment-là. Aujourd'hui, il y a quelques médecins qui sont formés. On a des réponses à cette souffrance", témoigne celle qui est devenue en 2015 la première femme transgenre à Genève à obtenir de nouveaux papiers d'identité sans avoir subi d'opération chirurgicale .

Le développement de la recherche a permis de nombreuses évolutions positives, comme l'explique Lynn Bertholet. "Les jeunes qui sont pris en charge par des médecins et des psychologues compétents ne sont plus en échec scolaire. Il y a aussi beaucoup moins de risque de suicide. Ce sont des vrais progrès, mais il est normal que les parents se fassent du souci. Par contre, remettre en cause des protocoles médicaux mis en place depuis 40 ans, c'est toxique."

"Une libération pour les enfants"

Le canton de Vaud s'est récemment emparé de la question de l'accompagnement à l'école des élèves transgenres ou non-binaires. Les enseignantes et les enseignants devront ainsi respecter la demande d'un enfant qui souhaiterait par exemple être appelé par un prénom qui ne correspond pas au genre qui lui a été attribué à la naissance, ou qui demanderait à être appelé par un prénom différent.

Cette démarche permet de rendre service aux jeunes, selon Lynn Bertholet. "Ils seront mieux. Et puis plus tard, ça ne les empêchera pas de se dire: 'J'ai pu expérimenter cette vie et ça ne me convient pas'.  Chez les enfants, il y a une vraie libération et souvent les parents le reconnaissent."

>> Relire aussi : Les élèves vaudois transgenres ou non binaires seront mieux écoutés et accompagnés

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Jérémie Favre

Publié