Pour Travail.Suisse, le projet de stabilisation de l'AVS se fait "sur le dos des femmes", une grande partie du coût de la réforme étant supporté par elles, écrit l'organisation mercredi dans un communiqué.
Cette réforme est "intolérable et inacceptable", dénonce la conseillère nationale Léonore Porchet (Verts/VD), vice-présidente de Travail.Suisse, car les femmes sont déjà massivement désavantagées dans la prévoyance vieillesse.
L'argent de la BNS ne renflouera pas l'AVS
Le Parlement a délibérément refusé d'introduire des formes alternatives de financement pour l'AVS, renchérit le président du syndicat Adrian Wütrich. Il a en effet été proposé, lors des débats, de verser à l'AVS les bénéfices que la Banque nationale suisse (BNS) tire des taux négatifs, ce qui aurait permis d'injecter 14 milliards de francs dans les caisses de l'AVS, mais en vain, a-t-il rappelé: le Parlement a opté pour la variante "la moins chère", à savoir le relèvement de l'âge de la retraite pour les femmes.
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Le relèvement de l'âge de référence de la retraite doit permettre à l'AVS d'économiser 10 milliards de francs sur dix ans. Un régime de compensation est mis en place pour atténuer les effets pour les femmes proches de la retraite. La période de transition couvre neuf années. Si la réforme entre en vigueur en 2023, les compensations iront aux femmes nées entre 1960 et 1968. Une hausse de la TVA devrait en outre rapporter environ 1,4 milliard par an.
Une solution à court terme
Ces mesures d'accompagnement ne convainquent pas Travail.Suisse, car aucun supplément de rente ne sera versé en cas de retraite anticipée. En cas d'anticipation, les femmes des années de transition ne bénéficieront que d'un taux de réduction plus faible, regrette le syndicat. Il estime par ailleurs que la réforme n'offre qu'une solution à court terme, car l'AVS sera à nouveau confrontée à un manque de financement à partir de 2026.
Les Chambres fédérales avaient approuvé la réforme de l'AVS durant la session d'hiver. Le PS et les Verts, qui s'y étaient opposés, avaient annoncé qu'ils soutiendraient un référendum.
ats/vic
"Une égalité négative"
Pour Travail.Suisse, la réforme concerne aussi les hommes. En effet, à l'origine, le Conseil fédéral avait demandé que la retraite anticipée soit possible pour tout le monde dès 62 ans, alors qu'aujourd'hui, seules les femmes peuvent obtenir une rente à cet âge.
Mais finalement, avec la réforme adoptée par le Parlement, les femmes comme les hommes ne pourront toucher leur rente qu'à partir de 63 ans. Cette adaptation est inacceptable et conduit à "une égalité négative", accuse le syndicat, qui accuse les Chambres d'avoir "violé le principe de la bonne foi".