"Les personnes demandant conseil sont préoccupées du fait que des membres de leur famille, des amis ou des voisins aient glissé dans des croyances complotistes liées au vaccin et au Covid-19. Elles considèrent parfois la situation comme menaçante, ce qui leur pèse", indique Christina Steffen, porte-parole du dicastère de la sécurité de la ville de Berne.
Dans de tels cas, le service bernois informe les appelants sur des stratégies permettant de réagir aux déclarations et comportements de ce type. Il y a quelques mois, le service a publié en ligne une marche à suivre pour les proches de personnes croyant aux théories du complot.
Le complotisme en hausse dans toute la Suisse
Le service Radicalisation et Prévention de la violence de Berne a enregistré au cours de la pandémie une hausse de cas liés à des théories du complot. Parfois même, opposantes et opposants aux mesures anti-pandémiques s'en prennent de façon menaçante au personnel de la Ville.
"Il s'agit, pour la plupart, de discussions qui dérapent au sujet du coronavirus et de la vaccination. Les insultes directes sont plus rares", précise Christina Steffen. A l'avenir, le service bernois va se pencher davantage sur les théories émanant de cercles antisémites et d'extrême-droite, devenues à nouveau plus visibles à travers la pandémie notamment.
Du côté de Winterthour (ZH), qui a lancé le premier service de prévention de ce type en Suisse il y a cinq ans, le constat est semblable. Fin octobre, il a lui aussi fait part d'une augmentation des cas d'extrémisme en cours de pandémie, inspirés de théories et d'idéologies du complot. Il va redoubler son attention sur ce type de risques, "car les frontières entre les différents types d'extrémismes s'effacent de plus en plus", selon lui.
D'autres services de ce type existent, sous une forme ou une autre, à Zurich, Bienne (BE) et dans le canton de Genève. Le service biennois dit ne pas avoir été confronté à des cas menaçants. A Genève, la réponse de la police cantonale est similaire.
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Des manifestations au potentiel violent
A Zurich, la police municipale évoque surtout les débordements, parfois violents, survenus lors de manifestations contre les mesures anti-pandémiques. La police cantonale bernoise va dans le même sens: elle évoque "une recrudescence de la tension et un potentiel d'escalade accru", constatés cet automne lors des manifestations non autorisées sur la Place fédérale. La situation "s'est quelque peu détendue" entre-temps, estime son porte-parole.
Le sujet occupe toutefois le Service de renseignements de la Confédération (SRC) qui constate qu'une partie des opposants aux mesures de lutte contre la pandémie de coronavirus "préconisent, encouragent ou commettent des actes de violence", selon sa porte-parole Lea Rappo. Des extrémistes violents de gauche et de droite diffusent aussi leurs messages dans ces manifestations ou des contre-manifs.
Plan d'action national de prévention
Le Réseau national de sécurité (RNS) observe la montée en puissance d'extrémismes "monothématiques". Le complotisme en lien avec la pandémie en fait partie. Il présente un potentiel de radicalisation et s'est renforcé depuis la mise en place et l'extension du certificat Covid, constate le RNS.
Les autorités entendent y faire face notamment avec le Plan d'action national (PAN) contre la radicalisation et l'extrémisme, élaboré par la Confédération, les cantons et les communes. Parmi 26 mesures mises en œuvre, la Confédération soutient des organisations de la société civile qui diffusent sur Internet des contre-arguments aux discours de propagande incitant à l'extrémisme violent. Cette mesure s'adresse surtout aux jeunes.
"Si les mesures concrètes du PAN se concentrent d'abord sur le radicalisme islamiste, le plan de prévention concerne toutes les formes de radicalisation, y compris l'extrémisme monothématique lié à la pandémie", précise le RNS. Il arrive à échéance à la fin 2022 et va être étendu de manière à mieux couvrir toutes les formes d'extrémisme violent.
ats/aps