Une contamination à hauteur de 30'000 cas par jour est vraisemblable pour janvier, assure Richard Neher dans une interview à la "SonntagsZeitung". Si on prend seulement 20'000 cas par jour enregistrés et un nombre équivalent de cas non recensés, on peut déduire qu'environ 3% de la population se fait infecter chaque semaine, note l'expert.
Il est vrai que selon les premières données qui proviennent de Grande-Bretagne et d'Afrique du Sud, le variant Omicron se révèle "un peu moins coriace" que d'autres, poursuit le chercheur en virologie et biophysicien de l'Université de Bâle. La quantité d'hospitalisations n'est toutefois pas négligeable.
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"Le nombre de cas augmente très rapidement et nous n'avons plus beaucoup de marge de manœuvre dans les hôpitaux", rappelle ce membre de la taskforce. Même si seulement une petite partie des personnes infectées est hospitalisée, une avalanche de cas en peu de temps peut rapidement amener le système à saturation. Si on veut éviter une crise majeure, "il faut freiner tout de suite la propagation".
Parmi les mesures sanitaires potentielles, le scientifique a pointé les restrictions imposées aux grandes manifestations et aux espaces intérieurs où la population continue de se rencontrer sans masque. "Les deux dernières années ont montré que restreindre les contacts fonctionnait et permettait de briser des vagues de coronavirus."
"Encore gérable", dit Ignazio Cassis
De son côté, le président de la Confédération Ignazio Cassis estime qu'il n'est pas nécessaire d'agir dans l'immédiat. A court terme, il faut éviter une surcharge des unités de soins intensifs, mais leur taux d'occupation actuel d'environ 80% dans tout le pays paraît "encore gérable", affirme le conseiller fédéral et médecin tessinois dans une interview au "SonntagsBlick".
Nous sommes prêts à réagir à tout moment, y compris au niveau fédéral.
On pourrait accroître les capacités si cela s'avérait nécessaire, mais ce n'est pas le cas pour l'instant, souligne Ignazio Cassis. Si ici ou là se formaient des goulots d'étranglement, "la solidarité intercantonale entrerait en jeu, comme durant la première vague". Et "nous sommes prêts à réagir à tout moment, y compris en mobilisant des moyens au niveau fédéral, comme la Protection civile ou l'armée."
Pour Lukas Engelberger, président de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé, les prochains jours seront "décisifs". De nouvelles données seront disponibles d'ici mercredi, qui montreront dans quelle direction il faut aller, ajoute le conseiller d'Etat bâlois, interrogé par la "SonntagsZeitung".
Avec un constat pragmatique: si le taux d'occupation des unités de soins intensifs continue d'augmenter d'ici là, le Conseil fédéral n'aura pas d'autre choix que d'adopter de nouvelles mesures la semaine prochaine ou de les soumettre aux cantons pour consultation.
Jusqu'à fin janvier?
Quant au vice-président de la taskforce Urs Karrer, il met en garde contre le danger de sous-estimer Omicron. "Notre plus grande inquiétude est de devoir traiter un très grand nombre de patients Covid-19 en janvier et en février tout en manquant cruellement de personnel, parce que les collaborateurs nécessaires seraient malades, en isolement ou en quarantaine", explique-t-il.
Selon Richard Neher, le plus gros de la vague Omicron pourrait être passé fin janvier. A partir d'un certain moment, le virus commencera à manquer d'hôtes, comme c'est le cas actuellement dans certaines régions d'Afrique du Sud. Cependant, le virus "ne disparaîtra pas et nous occupera certainement encore l'hiver prochain", prévoit Richard Neher, "même si ce ne sera pas au point de provoquer une nouvelle crise".
ats/jfe