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Retarder la rentrée scolaire, la mesure de dernier recours, plaide un pédiatre

Repousser la rentrée scolaire soit être une mesure de dernier recours pour le pédiatre Alessandro Diana. [KEYSTONE - Martial Trezzini]
Alessandro Diana évoque la rentrée scolaire face au variant Omicron (vidéo) / La Matinale / 7 min. / le 3 janvier 2022
Retarder la rentrée scolaire de lundi prochain en Suisse romande doit être une mesure de dernier recours, estime le pédiatre Alessandro Diana. Il privilégie plutôt une stratégie de sérologie pré-vaccinale pour les enfants.

Ce lundi, c'est jour de rentrée scolaire en Suisse alémanique pour la plupart des enfants. Pour les Romands et les Bernois, ce sera lundi prochain. La question de repousser cette rentrée se pose face à la propagation très rapide du variant Omicron en Suisse. Aussi bien les experts scientifiques de la Confédération que les pédiatres le demandent, car les écoles ont connu une fin d'année compliquée avec beaucoup de quarantaines et des classes fermées.

Mais pour le pédiatre Alessandro Diana, qui est aussi infectiologue, chargé d'enseignement à l'Université de Genève, "il faut vraiment évaluer si le jeu en vaut la chandelle". A ses yeux, cette mesure n'est pas prioritaire. "On pourrait peut-être prendre d'autres mesures préventives au sein même de l'école, notamment la détection du CO2, le port du masque et la distanciation entre les personnes", a-t-il plaidé lundi dans La Matinale.

Dédoubler les classes

Pour Stéfanie Prezioso, conseillère nationale genevoise d'Ensemble à gauche, il faudrait aussi des mesures de prévention beaucoup plus fortes en milieu scolaire. Par exemple tester les enfants massivement, dédoubler les classes et les moments passés à la cantine, ce qui signifie davantage d'enseignants et de personnel.

>> L'interview de Stéfanie Prezioso dans La Matinale :

Pour la conseillère nationale Stéfanie Prezioso (Ensemble à gauche/GE), il faut prendre des mesures strictes dans les écoles. [KEYSTONE - Peter Klaunzer]KEYSTONE - Peter Klaunzer
Faut-il reporter la rentrée scolaire? Interview de Stéfanie Prezioso (EàG/GE) / La Matinale / 1 min. / le 3 janvier 2022

Pour Alessandro Diana, c'est une possibilité, mais en santé publique, il faut toujours évaluer l'impact des restrictions individuelles sur le bénéfice collectif. Pour lui, les deux semaines de pause ont clairement permis de calmer la situation par rapport au virus dans les écoles, puisqu'elles étaient fermées. Mais les gens se sont aussi réunis durant ces vacances, d'où des risques de contamination.

Le pédiatre fait observer que maintenant, cette pandémie, même avec Omicron, est la pandémie des personnes qui n'ont pas encore développé la maladie et n'ont pas été vaccinées. Selon lui, il faudrait conseiller à ces personnes de considérer la vaccination.

Sérologie pré-vaccinale pour les enfants

La vaccination des 5-11 ans va débuter durant ce mois de janvier. Mais très peu d'enfants développant une forme grave de la maladie, ne vaudrait-il pas mieux les laisser s'infecter naturellement? Les enfants sont moins atteints, confirme Alessandro Diana, "mais il y en a qui sont hospitalisés, même actuellement".

"Ce que je conseille aux parents, c'est de faire avant tout une sérologie pré-vaccinale, de voir quel est l'état de l'enfant et s'il a été en contact avec la maladie ou pas", développe le pédiatre. "Ceux qui ont eu la maladie, on le saura parce qu'il y aura eu un test. La sérologie permet d'identifier les personnes qui ont fait une maladie asymptomatique."

Faire une sérologie pré-vaccinale permet d'établir que "ces personnes-là ont déjà une très bonne protection contre les complications d'Omicron. Et cela, je pense qu'on ne l'a pas assez dit", affirme l'infectiologue.

S'auto-déterminer

Pour Alessandro Diana, la sérologie pré-vaccinale "permettrait justement à ces enfants, ou à un adulte indécis, si cette sérologie est négative, de pourvoir s'auto-déterminer. Pour ces personnes, cela veut dire que jusqu'à présent, elles n'ont pas encore été en contact avec le Covid. Elles vont l'être et elles peuvent choisir si elles vont l'être avec le vaccin ou avec la maladie".

Cette option devrait être proposée à tout le monde, estime le spécialiste. "Il est vrai que la santé publique ne peut pas tout faire, on ne peut pas penser à tout. Mais nous sommes plusieurs pédiatres à conseiller de pouvoir adopter cette stratégie qu'on appelle pré-vaccinale".

Pour un enfant de 5 ans, par exemple, qui présente une sérologique négative, le pédiatre conseillerait de l'exposer au vaccin plutôt qu'à la maladie. "Ce virus Omicron me fait beaucoup plus peur que le vaccin. Les enfants sont quand même exposés à un risque de complications. Et une hospitalisation aux soins intensifs peut être un événement traumatisant".

Le début de la fin?

Alessandro Diana espère qu'Omicron soit le début de la fin de la pandémie, et que le virus devienne ensuite endémique. "C'est-à-dire qu'il va rejoindre les autres 200 ou 300 virus, ce qui est souhaitable". 

Interview radio: Valérie Hauert

Adaptation web: Jean-Philippe Rutz 

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